Armé de son gros feutre noir, le nouveau patron de la Maison-Blanche a fait souffler un vent de panique sur tout ce qui s’écarte de la ligne dure de l’establishment républicain. L’immédiateté et la brutalité de sa politique ont pris de court la société civile, la recherche et les universités, l’opposition démocrate... tout ce qui aurait pu incarner un contre-pouvoir. Rien que dans l’intervalle de ses cent premiers jours de présidence, il aura signé pas moins de 142 décrets, pour beaucoup fracassants, et pour la plupart signes d’un tournant autoritaire.
Donald Trump a mis le rouleau compresseur administratif et médiatique au service de son agenda. Il cherche ainsi à donner l’impression qu’il détient tout le pouvoir en empêchant une contre-figure forte d’émerger.
Peut-être que la solution est ailleurs ? Qu’il vaut mieux miser sur des victoires d’étape, isolées, plutôt que de s’épuiser à lui tenir tête ? À défaut de front commun, des poches de résistance ont vu le jour un peu partout aux États-Unis. Dans de nombreuses villes, des maires limitent leur collaboration avec les Services d’immigration. Ces sanctuary cities offrent aux migrant·e·x·s en situation irrégulière la possibilité d’accéder à des services publics comme l’éducation, les banques alimentaires ou l’obtention de documents officiels. Des universités renommées osent engager un bras de fer avec Washington, au risque de perdre leur financement, pour défendre la liberté académique. Ailleurs, des personnes transgenres se saisissent de la justice pour contester les politiques rétrogrades dont elles sont la cible.
En attendant l’éventuel·le·x champion·ne·x qui pourrait contrer directement le président, ces différents actes de résistance sont la preuve que les Américain·e·x·s n’ont pas perdu la foi dans la démocratie et l’État de droit.
Jean-Marie Banderet, rédacteur en chef