«Cinquante ans après que la flamme de la bougie d’Amnesty International ait commencé de briller, la situation des droits humains connaît aujourd’hui un moment décisif et nous sommes à l’aube de changements majeurs», a déclaré Salil Shetty, Secrétaire général d’Amnesty International, à l’occasion de la publication du rapport annuel 2011. La plus importante des organisations luttant en faveur des droits humains célébrera ses 50 ans le 28 mai prochain.
Des hommes et des femmes oublient leur peur et, souvent emmenés par la jeune génération, défient les balles, les coups de matraque, les gaz lacrymogènes et les tanks. Leur courage, associé aux nouvelles technologies de la communication, leur permet de contourner les restrictions à la liberté d’expression et d’exposer à la vue de tous les images de la répression. Ils envoient ainsi un message clair aux régimes répressifs: «Vos jours sont comptés!»
Malgré la détermination face à la répression, malgré l’élargissement du champ d’action en faveur des droits humains offert par les nouvelles technologies numériques, la liberté d’expression continue cependant à être largement battue en brèche. Le Rapport 2011 d'Amnesty International recense des restrictions spécifiques à la liberté d’expression dans 89 pays, des prisonniers d’opinion dans 48 pays, des cas de torture et d’autres mauvais traitements dans 98 pays et des procès inéquitables dans 54 pays.
Bilan mitigé pour la Suisse
Le rapport annuel 2011 d’Amnesty International note de manière positive que le Conseil fédéral a mis en place l’an dernier une Commission fédérale pour la prévention de la torture et un Centre de compétences pour les droits humains. La Suisse a également signé, le 10 décembre 2010, la Convention contre les disparitions. En janvier et en mars 2010, la Suisse a accueilli trois anciens détenus de Guantánamo. Trois autres attendent toujours une réponse définitive à leur demande d’asile.
Du point de vue des droits humains, l’acceptation le 28 novembre 2010 de «l’initiative sur le renvoi» constitue par contre un grand pas en arrière. Elle autorise le renvoi automatique d’étrangers ayant été reconnus coupables de certains délits. L’exécution de ces renvois sans qu’une possibilité de recours ne soit accordée aux personnes concernées constitue une violation des obligations internationales de la Suisse.
Dans le chapitre consacré à la Suisse, le rapport d’Amnesty International rappelle que diverses instances onusiennes se sont exprimées de manière critique vis-à-vis de notre pays. En mai 2010, le Comité contre la torture a critiqué l’usage parfois excessif de la force par la police lors d’arrestations, en particulier lors d’interrogatoires de ressortissants étrangers. Le Comité a recommandé la mise en place de mécanismes indépendants chargés dans les cantons d’examiner les plaintes déposées contre les forces de police. En novembre 2010, le Comité des droits économiques sociaux et culturels a dénoncé le fait que des requérants d’asile soient logés pour une durée indéterminée dans des abris de protection civile.