Le rapport annuel 2012 rend compte de la situation des droits humains dans 155 pays et territoires en 2011, année où l'organisation a fêté son 50e anniversaire. Il montre que la réponse de la communauté internationale aux crises des droits humains a bien souvent été marquée par la peur, les atermoiements, l'opportunisme ou l'hypocrisie. Ceci est apparu de manière particulièrement criante au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où l'attitude adoptée face aux gouvernements qui ont réprimé la contestation populaire a été très variable d'un pays concerné à l'autre.
Le soutien enthousiaste aux mouvements de protestation exprimé haut et fort par de nombreuses puissances mondiales et régionales début 2011 ne s'est pas traduit en actes.
«Avec les manœuvres des puissances mondiales cherchant à établir leur influence au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on a vu bien trop souvent au cours de l'année écoulée les alliances opportunistes et les intérêts financiers s'exercer au détriment des droits humains, a déclaré Salil Shetty, le secrétaire général d'Amnesty International. «On sert le discours sur les droits humains lorsqu'il sert les visées des responsables politiques ou économiques, et l'on s'empresse de le ranger au placard lorsqu'il devient gênant ou qu'il fait obstacle au profit.»
Après s'être montré impuissant face à la situation au Sri Lanka, puis incapable d'agir sur la question des crimes contre l'humanité en Syrie – l'un des principaux clients de la Russie en matière d'armement-, le Conseil de sécurité de l'ONU, supposé être le gardien de la paix mondiale, apparaît bien inefficace dans cette mission. Quant aux puissances émergentes que sont l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, elles ont trop souvent fait preuve d'un silence complice.
«Il apparaît clairement et de manière impérieuse que la situation en Syrie doit être déférée à la Cour pénale internationale afin qu'elle ouvre une enquête pour crimes contre l'humanité. La détermination de certains membres du Conseil de sécurité à protéger la Syrie à tout prix permet à celle-ci de ne pas rendre de comptes pour ses crimes. C'est une trahison du peuple syrien», a affirmé Salil Shetty.
«Les manifestants ont montré que le changement était possible. Ils ont défié les gouvernements, les sommant d'agir pour la justice, l'égalité et la dignité. Ils ont montré que les dirigeants qui font fi de ces attentes ne seraient plus tolérés. Après un début difficile, 2012 doit devenir l'année de l'action», a conclu Salil Shetty.
Suisse
Dans le chapitre consacré à la Suisse, Amnesty International constate que l'interdiction d'ériger des minarets est restée en vigueur et que d'autres textes de loi discriminatoires ont été proposés au niveau fédéral et cantonal. L'organisation a par ailleurs fait part de ses préoccupations quant à la façon dont étaient traités les demandeurs d'asile, notamment en ce qui concerne le recours disproportionné à la force et aux méthodes de contrainte lors des expulsions. Un homme a été brutalisé à l'aéroport de Zurich lors du renvoi de 19 Nigérians en juillet, et aucune enquête indépendante n'a été menée. L'enquête sur la mort de Joseph Ndukaku Chiakwa, un ressortissant nigérian décédé en mars 2010 à l'aéroport de Zurich lors d'une opération de renvoi collectif, s'est quant à elle poursuivie.
D'après l'organisation, l'insuffisance de l'aide fournie aux demandeurs d'asile déboutés est également demeurée très préoccupante. Soumis à l'«aide d'urgence», ceux-ci se retrouvent souvent sans ressources ou vulnérables. Les structures d'accueil pour requérants d'asile ne sont toujours pas adaptées aux besoins.
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Communiqué de presse publié le 24 mai 2012, Londres - Lausanne
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