Un «MQ-1-Predator» de retour d'une mission. © Wikicommons/ US AirForce
Un «MQ-1-Predator» de retour d'une mission. © Wikicommons/ US AirForce

Drones Permis de tuer?

L’utilisation des véhicules aériens sans pilote, communément appelés drones, par les États-Unis pour des missions de surveillance et de frappes prétendument ciblées est rapidement devenue l’un des sujets les plus controversés au monde en matière de droits humains. Plus que partout ailleurs, le Pakistan est le théâtre de cette controverse et des centaines de civils ont été tuées par des drones. En 2013, Amnesty International a publié un rapport sur les attaques de drones américains au Pakistan.

Les drones, ces avions sans pilote embarqué, dirigés parfois depuis des milliers de kilomètres de leur lieu d’intervention et comme dans un gigantesque et mortel jeu vidéo provoquent de très nombreuses pertes civiles. Amnesty avait soulevé ces problèmes dans un rapport publié en 2013 : «Serai-je la prochaine? Les attaques de drones américains au Pakistan.»  Ce document constitue une des études les plus exhaustives réalisées à ce sujet sous l'angle des droits humains. Amnesty International y prouve que les États-Unis ont illégalement tué des civils au Pakistan lors d'attaques de drones. Certaines de ces interventions pourraient même être considérées comme des crimes de guerre.

Amnesty International a passé en revue la totalité des 45 attaques de drones qui, à sa connaissance, ont frappé le nord-ouest du Pakistan, entre janvier 2012 et août 2013. Cette région a été la cible de plus d'opérations que toute autre région du pays. L'organisation a étudié minutieusement sur le terrain neuf de ces attaques et rassemblé des informations sur les morts. Les attaques soulèvent des questions graves sur les violations du droit international qui pourraient s'apparenter à des crimes de guerre ou à des exécutions extrajudiciaires.

Alors que les sources officielles affirment que les personnes tuées étaient des «terroristes», Amnesty International est arrivée à la conclusion, au terme de ses recherches, qu'elles n'étaient pas impliquées dans les combats et ne représentaient aucun danger pour autrui.

Amnesty International a aussi rassemblé des informations sur les attaques qui surviennent très rapidement après une première attaque et qui visent les personnes venues secourir les victimes. Même si l'on peut supposer que les personnes portant secours faisaient partie du groupe visé dans la première attaque, il est difficile de comprendre comment distinguer les uns des autres dans le chaos qui suit immédiatement une frappe de missile. Les États-Unis continuent de s'appuyer sur une doctrine de «guerre mondiale» pour tenter de justifier une guerre sans frontières contre Al Qaïda, les talibans et ceux qui sont perçus comme leurs alliés.

En 2014, le journal en ligne The Intercept, en publiant des articles basés sur les documents d’un lanceur d’alerte anonyme, les «Drone Papers», a confirmé le lourd coût humain de l’utilisation de ce type d’arme. Il a également mis en évidence les failles chroniques qui caractérisent le processus de décision régissant les frappes de l’armée américaine.