Déclaration de Manon Schick, directrice de la section suisse Parfois je me demande dans quel pays je vis...

octobre 2012
Quand je vois qu’en Syrie des centaines de milliers de personnes sont contraintes à la fuite en raison de la répression brutale. Quand j’entends qu’au Sri Lanka des êtres humains disparaissent et ...

Quand je vois qu’en Syrie des centaines de milliers de personnes sont contraintes à la fuite en raison de la répression brutale. Quand j’entends qu’au Sri Lanka des êtres humains disparaissent et sont torturés dans des lieux de détention secrets, uniquement parce qu’ils ont critiqué le gouvernement. Quand je sais que dans le monde, 42 millions de personnes ont dû quitter leur patrie à cause de conflits armés ou parce qu’elles étaient menacées de prison, de torture ou pire encore, alors je me demande pourquoi de telles personnes sont diabolisées dans notre si beau et si riche pays.

Est-il vraiment nécessaire de faire de la politique aux dépens des plus faibles et de nous détourner des véritables problèmes ? Est-ce vraiment à la Suisse de remettre en cause la Convention des réfugiés, l’un des acquis juridique les plus significatifs après les horreurs de la seconde Guerre mondiale ? Certes, bon nombre de migrant∙e∙s débarquent chez nous dans l’espoir de trouver un travail, une issue face à la misère qui les frappe. Mais même si toutes les personnes qui migrent pour des raisons économiques n’ont pas le droit de rester chez nous, nous avons l’obligation de les traiter de façon équitable et de les prendre au sérieux. Beaucoup de Suisses et de Suissesses ont oublié que de nombreuses communes de notre pays ont envoyé au 19e siècle des milliers de pauvres vers le Brésil ou vers d’autres colonies.

Cela ne sert à rien de mettre tous les réfugié∙e∙s dans le même bateau et de les désigner comme des criminels et des parasites. Ce dont nous avons besoin, c’est de solutions, pas de nouvelles mesures de dissuasion inefficaces. Nous voulons une politique d’asile respectueuse de la dignité humaine avec des procédures raccourcies mais équitables, qui garantissent une protection juridique effective. Les personnes persécutées doivent pouvoir être accueillies dans la dignité et s’intégrer dans leur nouvel environnement.

Manon Schick, directrice de la Section suisse d'Amnesty International