Des milliers de personnes en fuite échouent sur l'île grecque de Lesbos en route vers l'Europe. Amnesty Suisse avait attiré l'attention sur leur situation précaire en organisant une action devant le Palais fédéral en 2021 pour exiger un accueil plus généreux. © Amnesty Suisse
Des milliers de personnes en fuite échouent sur l'île grecque de Lesbos en route vers l'Europe. Amnesty Suisse avait attiré l'attention sur leur situation précaire en organisant une action devant le Palais fédéral en 2021 pour exiger un accueil plus généreux. © Amnesty Suisse

Asile en Suisse Faits marquants en 2023

La Suisse est un pays d'immigration. Les personnes étrangères qui vivent en Suisse sont souvent des demandeur·euse·x·s d'asile. Pourtant, seule une minorité d'entre elles sont réfugiées. Quelques faits et chiffres.
La plupart des migrant·e·x·s en Suisse arrivent de l’Europe

Selon le Secrétariat d’État aux Migrations (SEM), environ 9 millions de personnes vivaient en Suisse fin 2023. Environ trois quarts ont le passeport suisse. La majorité (75 %) des migrant·e·x·s provenaient d’un pays de l’Union Européenne ou de l’AELE  (15 % d’Italie, 14 % d’Allemagne, et 11 % du Portugal).

Augmentation du nombre de demandes d’asile

En 2023, environ 30  000 demandes d’asile ont été déposées en Suisse. Ce chiffre, le plus élevé depuis 2016, ne comprend toutefois pas les personnes qui ont demandé un statut de protection en raison de la guerre en Ukraine. Seul 2015 a connu plus d’arrivées, avec environ 40  000 demandes d’asile déposées. Si l’on compare ces augmentations à celles des décennies précédentes, la situation n’a rien d’exceptionnel. En 1990 et 1999, la Suisse avait enregistré un nombre de demandes supérieur.

D’où viennent la plupart des personnes en situation de vulnérabilité ?

Plus de la moitié des requérant·e·x·s d’asile en 2023 provenaient de trois pays – l’Afghanistan, la Turquie, et l’Érythrée. La plupart des personnes sont arrivées par la dangereuse route de la Méditerranée centrale, en faisant la traversée depuis Afrique du Nord jusqu’en Italie. D’autres ont emprunté la route de la Méditerranée orientale, non moins dangereuse, depuis la Turquie vers la Grèce ou la Bulgarie. De là, elles poursuivent leur route vers le nord via les Balkans. Touxtes ne parviennent pas à atteindre l’Europe. Rien qu’en 2023, plus de 2700 personnes sont mortes ou ont disparu en traversant la Méditerranée, selon l’UNHCR.

De nombreuses personnes fuient également la guerre en Ukraine. En Suisse, environ 18  000 personnes ont obtenu un statut de protection en 2023.

Pourquoi autant d’Afghan·e·x·s demandent l’asile en Suisse ?

Beaucoup des personnes qui demandent asile en Suisse fuient l’Afghanistan. Un afflux qui s’explique par la situation exceptionnellement précaire du pays, d’autant plus depuis la prise de pouvoir des talibans.

En Afghanistan, le nombre de personnes vulnérables a augmenté de manière drastique, passant de 18,4 millions en 2022 à près de 29 millions en 2023. En cause : la prise de pouvoir des talibans en 2021 et les catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les inondations ou les périodes de sécheresse qui ont frappé le pays. Plus de 2 millions d’enfants sont menacé·e·x·s de malnutrition aiguë. Les droits des femmes ont été fortement limités par les talibans – les femmes n’ont plus le droit de travailler en dehors de la maison, de se déplacer dans l’espace public sans être accompagnées d’un homme, de voyager à plus de 72 km de chez elles, de pénétrer dans les jardins publics ou de faire du sport. Les minorités religieuses et ethniques sont victimes d’exclusion, de préjugés et de discrimination. Les personnes qui osent s’opposer aux talibans s’exposent à des arrestations arbitraires, l’emprisonnement ou des disparitions forcées.