Commentaire Pourquoi Berne se fait-elle l'écho du gouvernement sri lankais?

Amnesty a pris connaissance avec étonnement de l’explication donnée par l'Office fédéral des migrations (ODM) pour la détention des deux anciens demandeurs d'asile sri lankais à Colombo.

L'ODM a écrit que les autorités sri lankaises avaient expliqué que les deux hommes renvoyés de Suisse étaient soupçonnés d'avoir été des membres des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

Denise Graf, coordinatrice asile à Amnesty International Suisse, livre quant à elle l’analyse suivante:

«Au Sri Lanka, une grande partie du pays a été pendant des années sous le contrôle des LTTE. Les gens qui vivaient là n'avaient aucun moyen de ne pas les soutenir. Par conséquent, la probabilité est grande que les gens du Nord soient soupçonnés de soutenir les LTTE. D'autant plus quand ils reviennent de la Suisse, où les LTTE sont très bien organisés. Si les autorités soupçonnaient que ces hommes appartenaient aux LTTE, elles n’auraient jamais dû les renvoyer, tant il était clair qu’ils risquaient l’arrestation et la torture à leur retour. Les autorités suisses auraient pu initier une enquête criminelle, si effectivement il y avait quelque chose à leur reprocher. Pourquoi la Suisse se fait-elle l’écho des autorités sri lankaises en reprenant leur raisonnement?»

Amnesty International se félicite du fait que la Suisse mandate le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) afin d'examiner les dossiers des deux prisonniers et ceux des autres demandeurs d'asile déboutés présentant des vices de procédure.

Commentaire publié le 3 octobre 2013, Berne, Lausanne.
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