Amnesty International est depuis longtemps sur la brèche: le cargo MV Schippersgracht, battant pavillon néerlandais a quitté le port militaire de Sunny Point et navigue actuellement en Méditerrannée. Sunny Point est le plus important port de chargement des Etats-Unis, à partir duquel le Ministère de la défense expédie des armes. Le MV Schippersgracht d’une capacité de chargement de 21‘000 tonnes transporte à son bord tout une palette de matières dangereuses dont des cartouches, des détonateurs et d’autres munitions.
«Il est très vraisemblable que cette dangereuse cargaison soit déchargée en Egypte» a déclaré Brian Wood, expert en contrôle des armements chez Amnesty International, «il y a des indices clairs montrant que de précédentes cargaisons d’armes ont été utilisées par les forces de sécurité égyptiennes pour commettre de graves violations des droits humains. Malgré cela, les Etats-Unis continuent sans arrière-pensées à livrer des armes à l’Egypte».
Il y a à peine un mois, les Forces centrales de sécurité (Central Security Forces, CFP) égyptiennes ont fait un usage excessif de la force et ont utilisé des munitions de guerre contre des manifestants. Bilan : 16 morts et des centaines de blessés. Au cours des cinq derniers mois, l’armée et les forces de sécurité ont tué plus de cent personnes en Egypte en réprimant des manifestations.
La société néerlandaise qui exploite le MV Schippersgracht a refusé de prendre position sur les déclarations d’Amnesty International à propos de ce transport. Quant aux autorités américaines, elles ont confirmé que ce navire néerlandais transportait une cargaison militaire en provenance des États-Unis. Elles ont cependant refusé de confirmer la destination finale ou le destinataire de ces armes, invoquant des raisons de sécurité.
Amnesty International demande à la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, qui a annoncé que la cargaison ne serait pas déchargée en Egypte, de révéler à qui sont finalement destinées ces armes et de garantir qu'elles ne seront pas livrées à des pays où il est probable que les destinataires les utilisent pour commettre ou favoriser des violations graves des droits humains.
Il est avéré que les Etats-Unis ont auparavant livré de grandes quantités d’armes à l’Egypte. Entre le 11 décembre 2011 et le 5 février 2012, l’agence égyptienne d’armement a importé au total 349 tonnes de matériel militaire et de biens à double usage (civil et militaire) pour une valeur d’au moins 35 millions de dollars. Ces armes ont été transportées par sept navire battant pavillon des Etats-Unis et administrés par la compagnie American President Lines Maritime Ltd.
La manière dont sont utilisées les armes et les munitions importées en Egypte sont utilisées par les forces de sécurité démontre l’urgence de conclure et de mettre en œuvre un traité international sur le commerce des armes. Les négociations en vue de l’adoption d’un tel traité atteindront leur phase finale en juillet aux Nations Unies. Amnesty International demande que le commerce des munitions soit inclus dans le traité. Les Etats-Unis s’opposent pour l’instant à cette revendication.
Amnesty International, en collaboration avec les organisations Transarm et International Peace and Information Service (PIS) a documenté toute une série de cas dans lesquels des «bateaux de la honte»ont transporté des armes en provenance des plus grands producteurs dont la Chine, la Russie et les Etats-Unis vers des pays où elles ont très vraisemblablement été utilisées pour commettre des violations des droits humains.