Des délégués de l'organisation ont rencontré plusieurs enfants, âgés de 13 à 17 ans, actuellement détenus dans la capitale Bamako. Ils ont été emprisonnés parce qu'ils ont été engagés comme enfants soldats par des groupes armés, ou sont soupçonnés d'être liés à ces groupes. Leurs infractions vont de l’association de malfaiteurs à la rébellion, l’atteinte à la sûreté de l'État et les actes de terrorisme.
Contrairement au droit international, ces mineurs sont incarcérés avec des adultes. «Ni le droit international ni le droit malien n’autorisent le placement d’enfants en détention avec des adultes, a déclaré Gaëtan Mootoo, chercheur d'Amnesty International sur le Mali. Il incombe aux autorités maliennes de prévenir l'UNICEF lorsqu'elles arrêtent des enfants soupçonnés d'association avec des groupes armés, afin que leurs familles puissent être identifiées et leur cas traité par des professionnels de la protection de l'enfance.»
Par ailleurs, certains des enfants ont déclaré avoir été torturés ou maltraités par les forces maliennes. « Ils m'ont suspendu au plafond pendant un quart d'heure et ils m'ont menacé de me donner des décharges électriques. Ils ont menacé de me tuer, » a raconté l'un d'eux à Amnesty International.
D'autres enfants, arrêtés en raison de leurs liens présumés avec des groupes armés, ont été remis à l'UNICEF par la gendarmerie malienne et les forces françaises. D'autres enfants n'ont pas encore été localisés, ce qui fait craindre qu'ils ne soient encore liés à des groupes armés ou qu'ils ne se cachent au sein de leurs communautés de peur de subir des représailles ou d'être placés en détention.
Le recrutement d’enfants soldats en pleine augmentation
Depuis le début du conflit au Mali, en janvier 2012, des organisations de défense des droits humains telles qu'Amnesty International ont dénoncé le recrutement et l'utilisation d'enfants soldats par des groupes armés et des milices d'autodéfense soutenues par les autorités maliennes. Amnesty International exhorte les autorités maliennes, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et d'autres organes de l'ONU de tenter d'établir des contacts avec des communautés locales afin d'aider les enfants qui avaient rejoint des groupes armés et qui, actuellement, se retrouvent dans la clandestinité. Il appartient en outre à ces instances de développer des programmes de réinsertion et de réintégration des anciens enfants soldats.
L'organisation a aussi demandé la libération de tous les enfants détenus par des groupes armés – dont le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, un mouvement touareg), et Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) – ainsi que par des milices d'autodéfense soutenues par les autorités maliennes.
Le Rapport 2012 du Secrétaire général des Nations unies sur le sort des enfants en temps de conflit armé, publié cette semaine, a pour la première fois explicitement nommé des parties au conflit au Mali comme étant responsables du recrutement et de l'utilisation d'enfants soldats, ainsi que de violences sexuelles à l'encontre d'enfants. «Les responsables de la MINUSMA doivent absolument mettre au premier plan des priorités la question des enfants soldats et des autres enfants associés aux forces armées», a déclaré Gaëtan Mootoo.