Joseph Kony

Juillet 2012
Faits : Joseph Kony est né en 1961 dans le Nord de l’Ouganda, dans le village d’Odek. Il est le leader de la Lord’s Resistance Army (LRA) ou Armée de la Résistance du Seigneur, un groupe de rebelles ...

 

Faits :

Joseph Kony est né en 1961 dans le Nord de l’Ouganda, dans le village d’Odek. Il est le leader de la Lord’s Resistance Army (LRA) ou Armée de la Résistance du Seigneur, un groupe de rebelles qui terrorise la population civile du Nord de l’Ouganda depuis des années.

De garçon de messe en échec scolaire, Kony s’est transformé en un chef rebelle cruel et insaisissable, s’autoproclamant médium spirituel, seigneur et libérateur. Il prétend avoir reçu l’ordre de l’Esprit Saint de créer la LRA et de libérer la population ougandaise de « la corruption, des péchés et de l’immoralité». Alors que les buts politiques de Kony restent incertains, il semblerait que son ambition soit d’instaurer, en Ouganda, une théocratie basée sur les 10 Commandements.

Kony à la tête de la LRA émerge, en 1987, comme le successeur du Holy Spirit Movement, un précédent groupe de rebelles du Nord mené par sa tante, la mystique Alice Lakwena.

Bien que la LRA ne soit pas en position de déstabiliser le gouvernement ougandais, voilà 18 ans qu’elle terrorise la population civile du Nord de l’Ouganda. La caractéristique principale de la LRA est qu’elle est constituée à 85% d’enfants âgés entre 11 et 15 ans. Afin de remplir ses rangs, les troupes de la LRA enlèvent de manière systématique des enfants, les utilisant en tant que soldat, porteurs ou esclaves sexuels. Selon les estimations, environ 20'000 enfants ont ainsi été enlevés. Les enfants enlevés sont souvent forcés de tuer leurs propres parents afin de détruire toute perspective de retour dans leur maison. Par ailleurs, afin d’empêcher les enfants enlevés de s’échapper, la LRA oblige les enfants à tuer ceux qui tentent de s’échapper. La LRA est responsable d’abus généralisés à l’encontre de la population civile. Ils ont tués des dizaines de milliers de civils et on estime que beaucoup d’autres sont morts de faim et de maladie en suite du conflit.

Les soldats de la LRA sont connus pour procéder à des mutilations des personnes soupçonnées de collaborer avec le gouvernement, entre autres, en leur coupant les mains, les lèvres et les oreilles. En conséquence des pillages et de la destruction de villages entiers, jusqu’au trois quarts de la population Acholi a ainsi été déplacée de manière forcée.

Procédure

En décembre 2003, le Président ougandais Yoweri Museveni a décidé de soumettre la situation concernant la LRA au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye qui a officiellement ouvert une enquête en juillet 2004.

Les autorités ougandaises ont confirmé le 7 octobre 2005 que la CPI avait émis des mandats d’arrêt contre 5 leaders de la LRA, Joseph Kony, son suppléant Vincent Otti, Raska Lukwiya, Okot Odiambo et Dominic Ongwen. Les mandats ont été transmis à l’Ouganda, à la République démocratique du Congo ainsi qu’au Soudan

A cette période, des sources émanant du gouvernement ougandais ont indiqué que Kony se tenait près de la ville soudanaise de Liria, 60 km au Nord de la "ligne rouge". La "ligne rouge" consiste en une voie de terre à environ 100 km à l’intérieur du territoire soudanais, limite jusqu’à laquelle les forces militaires ougandaises, sur la base d’un accord bilatéral de 2002 avec le Soudan, sont autorisées à poursuivre la LRA.

Le 13 octobre 2005, la Chambre préliminaire II de la CPI a levé les scellés dont faisaient l’objet les mandats d’arrêts délivrés afin de garantir la sécurité des victimes, des témoins potentiels ainsi que des membres de leur famille. La Chambre a conclu qu’il y avait des motifs raisonnables de penser que les cinq hauts responsables de la LRA avaient donné l’ordre de commettre des crimes relevant de la compétence de la Cour.

Il est allégué que, vers la fin de l’année 2003, Kony aurait donné l’ordre de commettre des meurtres et des pillages ainsi que d’enlever des civils, y compris ceux vivant dans des camps de déplacés. Les hauts responsables de la LRA et l’ensemble des commandants de brigade, dont les personnes visées par les mandats d’arrêt, ont ainsi commencé à attaquer plusieurs régions de l’Ouganda.

Le mandat d’arrêt délivré contre Joseph Kony énumère 33 chefs d’accusation au titre de sa responsabilité pénale individuelle (articles 25-3-a et 25-3-b du Statut), à savoir :

- Douze chefs pour crimes contre l’humanité : meurtre, réduction en esclavage, esclavage sexuel, et actes inhumains causant de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique) et

- Vingt-et-un chefs pour crimes de guerre : meurtre, traitements cruels infligés à des civils, le fait de diriger intentionnellement une attaque contre la population civile, pillage, incitation au vio,; et enrôlement d’enfants par la force.

A ce jour, Joseph Kony n'a toujours pas été arrêté. Une spectaculaire campagne a été lancée au printemps 2012 par le biais des médias sociaux dont Facebook. Des centaines de milliers de personnes ont appelé à son arrestation. Amnesty International s’est distancée de cette campagne estimant que Joseph Kony devait certes être traduit en justice mais qu’il devait, comme toute personne et quels que soient les crimes qu’ils ait pu commettre, être jugé dans le respect des principe d’un procès équitable.

Source: www.trial-ch.org