Les Tasers multiplient les risques de défaillance cardiaque
Si les médecins légistes ont attribué la plupart de ces morts à d'autres causes telles que la toxicomanie, certains experts médicaux pensent que les décharges électriques délivrées par les armes de type Taser peuvent multiplier les risques de défaillance cardiaque lorsque les personnes touchées sont agitées, sous l'emprise de stupéfiants ou ont des problèmes de santé.
Une arme largement répandue aux Etats-Unis
Selon certaines sources, plus de 11000 services américains de maintien de l'ordre (essentiellement des services de police, mais aussi des services pénitentiaires) utilisent des Tasers ou des armes similaires. Il s'agit d'armes électriques qui projettent des fléchettes à distance, mais qui peuvent aussi être utilisées «à bout touchant», c'est-à-dire être appliquées directement contre le corps comme s'il s'agissait d'armes incapacitantes classiques à aiguillons.
Plus de 350 morts aux Etats-Unis et au Canada
D'après les informations recueillies par Amnesty International, plus de 350 personnes, aux États-Unis et au Canada, ont trouvé la mort entre le mois de juin 2001 et le 15 octobre 2009 après avoir été neutralisées par des policiers au moyen de Tasers. Si l'organisation n'en conclut pas que toutes ces morts sont dues à l'utilisation de Tasers, elle estime qu'elles mettent en évidence la nécessité d'investigations exhaustives et indépendantes sur l'utilisation de ces armes et leurs effets.
Les Tasers sont utilisés sur des personnes non armées
Comme Amnesty International l'a indiqué dans la déclaration qu'elle a faite devant le groupe d'experts médicaux:
«le degré de risque tolérable lié aux Tasers, comme pour toutes les armes et tous les instruments de contrainte, doit être évalué par rapport à la menace. Il est évident que les Tasers sont moins dangereux que les armes à feu, lorsque des policiers sont confrontés à une grave menace qui pourrait déboucher sur un usage de la force meurtrière. Cependant, la grande majorité des personnes qui sont mortes après avoir été touchées par des Tasers n'étaient pas armées, et ne constituaient pas une menace de mort ou de blessure grave au moment où des décharges électriques leur ont été infligées. Dans de nombreux cas, ces personnes ne semblaient représenter aucune menace réelle.»
Après une étude portant sur 291 morts, Amnesty International n'a recensé que 25 personnes qui auraient porté une arme au moment où elles ont reçu des décharges électriques. Aucune n'était munie d'une arme à feu.
Une arme utilisée pour faire souffrir
Amnesty International a reconnu dans sa déclaration qu'il pouvait exister des situations particulières où des Tasers pouvaient être utilisés à distance de manière efficace à titre d'alternative à des armes à feu, afin de sauver des vies. Cependant, le fait que les Tasers puissent être utilisés à bout touchant (dans le but de faire souffrir des personnes déjà détenues pour les obliger à obéir) et qu'ils permettent d'infliger des décharges multiples et prolongées font que ces armes se prêtent intrinsèquement aux abus.
Des normes strictes sont nécessaires
Amnesty International demande à tous les gouvernements et à tous les services de maintien de l'ordre de ne plus utiliser de Tasers ni d'armes similaires dans l'attente des conclusions d'études approfondies et indépendantes sur leurs effets et l'utilisation qui en est faite, ou de réserver exclusivement ce recours à des situations où des policiers seraient légitimement amenés à faire usage d'une force meurtrière, lorsqu'aucune alternative moins dangereuse n'est envisageable. L'utilisation de ces armes doit être encadrée par des normes et une surveillance strictes.