En écho aux négociations de l’OMC sur la dérogation à la propriété intellectuelle, Public Eye et Amnesty International ont remis en juin au Conseil fédéral une pétition « Pour une Suisse solidaire dans la lutte contre la pandémie », munie de plus de 20'000 signatures. Amnesty demande à la Suisse de s’engager en faveur d’un accès universel aux vaccins contre le COVID-19. L’accès aux vaccins est aujourd’hui encore limité par les brevets, et par les mécanismes du nationalisme vaccinal. Voilà l'infographie qui détaille le fonctionnement de la protection des intérêts des entreprises pharmaceutiques, responsables d’une situation d’injustice mondiale.
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En juin 2021, près de 90% des vaccins administrés dans le monde l’avaient été dans les pays du G20, tandis que les pays les plus pauvres n’avaient reçu que 0,3% des vaccins disponibles.
Au moment de l’apparition de la pandémie mondiale de la COVID-19, en 2020, des financements publics massifs et une collaboration scientifique internationale ont permis le développement rapide de vaccins. Les groupes pharmaceutiques se sont alors approprié ces vaccins en déposant des brevets, leur garantissant le monopole sur la production. Cela a pour conséquence le rationnement artificiel de la production, et une inflation des prix des vaccins. En outre, les pays du Sud ont rapidement été délaissés, avec aucun accès équitable aux vaccins. En juin 2021, près de 90% des vaccins administrés dans le monde l’avaient été dans les pays du G20, tandis que les pays les plus pauvres n’avaient reçu que 0,3% des vaccins disponibles. Cette inégalité flagrante est une conséquence directe des monopoles des groupes pharmaceutiques sur les vaccins et du nationalisme vaccinal des pays riches.
La dérogation de la protection de la propriété intellectuelle pour les traitements, tests et vaccins contre le COVID-19, que nous soutenons, permettrait pourtant de faciliter une production décentralisée de ces produits par de nouveaux fabricant·e·s, notamment dans les pays du Sud. Il existe des moyens de combattre la pandémie à une échelle globale et de manière équitable.
Cette situation laisse la porte ouverte à l’apparition de nouveaux variants.
Aujourd’hui, la situation de la pandémie au niveau mondial est loin d’être résolue, en raison du maintien des brevets sur les vaccins par quelques groupes pharmaceutiques: cette situation laisse la porte ouverte à l’apparition de nouveaux variants. Pour répondre rapidement aux besoins immunitaires, il faut encourager l’accès universel aux vaccins contre le COVID-19. Les habitant·e·s de Suisse ne seront en sécurité que lorsque tout le monde aura accès aux traitements et aux vaccins. Alors que la Suisse abrite des entreprises pharmaceutiques qui produisent des tests, certains composants de vaccins ainsi que des traitements destinés à juguler le COVID-19, la Suisse est réellement en position de force pour faciliter un large accès aux soins par la voie multilatérale.
La Suisse doit s’engager pour une lutte solidaire dans la pandémie, pour la dérogation temporaire à la propriété intellectuelle pour les traitements, tests et vaccins contre le COVID-19, et pour une adhésion des entreprises pharmaceutiques suisses à la plateforme de partage des connaissances de l’Organisation mondiale de la santé. Par ailleurs, le gouvernement suisse doit immédiatement rendre public les contrats de commandes de vaccins payés avec l’argent des contribuables. La santé est un droit et des vies en dépendent. Nous ne pouvons accepter que des personnes meurent chaque jour au nom d’égoïsmes nationaux et d’intérêt de profits privés.