Il faut que les États d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale prennent de toute urgence des mesures visant à rendre les vaccins contre la maladie COVID-19 accessibles et abordables pour tous, a déclaré Amnesty International le 24 mars 2021.
L’organisation a lancé une pétition appelant les États à respecter le principe de non-discrimination, à accorder la priorité aux groupes les plus à risque dans leur campagne de vaccination et à accélérer la vaccination du personnel soignant, afin d’empêcher un effondrement total des systèmes de santé.
«Au vu de la propagation de nouveaux variants en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, il devient de plus en plus urgent de garantir un accès équitable à la vaccination. Afin de protéger le droit à la santé, les États doivent veiller à ce que toute personne puisse avoir accès à un vaccin abordable et de bonne qualité et à ce que le déploiement de la campagne vaccinale ne creuse pas les inégalités, a déclaré Samira Daoud, directrice du programme Afrique de l’Ouest et Afrique centrale à Amnesty International.
«Nous appelons tous les États de la région à accorder la priorité, dans la distribution des vaccins, aux personnes qui sont touchées de manière disproportionnée par la maladie COVID-19, à savoir le personnel soignant à risque, les personnes âgées et les personnes présentant des comorbidités. Il faut également qu’ils accordent la priorité aux personnes traditionnellement marginalisées, qui dépendent de l’économie informelle ou qui ne peuvent appliquer les mesures de distanciation sociale. À ce jour, COVAX a distribué 16 millions de doses de vaccin dans 27 pays d’Afrique, alors que le continent compte plus de 1,2 milliard d’habitants. De toute évidence, les vaccins arrivent trop lentement et il reste encore beaucoup à faire pour sauver des vies et préserver les systèmes de santé.»
«Il ne fait aucun doute que l’approche nationaliste adoptée par certains pays en matière de vaccination nuit à la lutte mondiale contre le coronavirus.»Samira Daoud, directrice du programme Afrique de l’Ouest et Afrique centrale à Amnesty International.
Accélérer la vaccination
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signale qu’une troisième vague risque de déferler incessamment sur l’Afrique, au moins 38 pays du continent ont commencé leur campagne de vaccination. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, les quelques doses disponibles ont été distribuées à des rythmes inégaux et pas nécessairement aux personnes qui en avaient le plus besoin. Le Ghana a réalisé 400 000 vaccinations en deux semaines, mais le Sénégal moins de 150 000 en six semaines.
Dans le même temps, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ont indiqué la présence de nouveaux variants, qui pourraient être plus mortels et plus contagieux. Selon une analyse effectuée par People’s Vaccine Alliance, les pays riches ont commandé suffisamment de doses pour vacciner trois fois leur population tandis que, dans les 70 pays les plus pauvres, y compris ceux d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, il est probable que seule une personne sur 10 sera vaccinée au cours de l’année, en incluant le personnel soignant et les personnes à risque.
La pétition appelle également les États d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à tenir compte des principales normes relatives aux droits humains dans leur programme de vaccination, afin de déterminer à quel moment chaque catégorie de la population pourra être vaccinée en évitant toute exclusion ou discrimination. Par ailleurs, il faut que les États fassent mieux connaître les avantages de la vaccination et fassent preuve de transparence à toutes les étapes de leur campagne vaccinale.
«Les États sont tenus de travailler ensemble pour faire face à la pandémie et les États les plus riches ont une responsabilité particulière s’agissant d’aider ceux qui disposent de ressources limitées. Il ne fait aucun doute que l’approche nationaliste adoptée par certains pays en matière de vaccination nuit à la lutte mondiale contre le coronavirus, a déclaré Samira Daoud.
«Il faut que les États prennent des mesures pour renforcer les systèmes de santé afin que la vaccination puisse s’appuyer sur des infrastructures adaptées et des ressources suffisantes. Il s’agit notamment de protéger le personnel soignant et les populations vulnérables et de leur accorder la priorité, mais aussi d’assurer la chaîne du froid pour que la campagne vaccinale puisse se dérouler efficacement et en toute sécurité.»