Prostitution et droits humains Pour le respect des droits des travailleurs et travailleuses du sexe

23 juillet 2015
Lors de la réunion du Conseil international d’Amnesty (ICM 2015), les déléguées et délégués de Sections du monde entier discuteront de l’adoption d’un positionnement sur le thème du travail du sexe, dans une perspective de droits humains. Cette discussion devrait mettre un terme à plus de deux ans de consultation au sein du mouvement international.

Amnesty International s’engage depuis longtemps contre la traite des êtres humains, contre la prostitution forcée et contre l’exploitation de personnes mineures. Notre organisation a de plus recensé, dans de nombreux rapports, des violations que subissent des femmes, hommes et transgenres qui vendent leurs services sexuels. Toutefois, Amnesty International n’avait pas jusqu’à présent de positionnement sur le thème du travail du sexe/prostitution. Cela devrait donc évoluer prochainement.

Population particulièrement vulnérable

Les travailleuses et les travailleurs du sexe représentent une catégorie de la population particulièrement vulnérable quant au respect de leurs droits fondamentaux. Ils et elles subissent de la violence physique et psychique, des arrestations arbitraires, du harcèlement, des examens médicaux sous contrainte, et leurs droits sociaux comme l’accès à des soins de santé ou à un logement leur sont souvent refusés.

Comment prévenir et empêcher de telles violations des droits humains, comment protéger au mieux les droits des personnes qui vendent leurs services sexuels? En tant qu’organisation internationale qui s’engage en faveur des droits en matière de sexualité et de procréation, au travers de sa campagne mondiale «Mon corps, mes droits», Amnesty International s’est vue de plus en plus confrontée à l’obligation de prendre position sur cette question très controversée. En 2013, le Bureau exécutif international a donc lancé un processus de discussion interne dans l’objectif d’adopter un positionnement sur ce thème.

Large consultation

Durant les années 2013-2015, des collaborateurs et collaboratrices d’Amnesty International ont mené des entretiens dans plusieurs pays avec des personnes qui vendent leurs services sexuels, ont interrogé des victimes de traite des êtres humains, ont discuté avec des groupes d’intérêt, des avocat·e·s, des organisations de soutien mais aussi des opposant·e·s au travail du sexe, des organisations de défense des droits des femmes et des LGBT, et mené des enquêtes sur les répercussions concrètes de différentes lois encadrant le travail du sexe, et ceci sur quatre continents.

En même temps, les près de 60 Sections d’Amnesty International ont été consultées, et elles-mêmes ont généralement impliqué leur propre base et des représentant·e·s de personnes impliquées dans leur pays.

La discussion se poursuivra donc lors de la réunion du Conseil international 2015, dans l’objectif de parvenir prochainement à une décision sur une politique de l’organisation sur la question du travail du sexe. Le but que veut atteindre Amnesty est la plus grande protection possible et le respect des droits humains des personnes qui vendent leurs services dans le cadre de la prostitution.