Des activistes célèbrent la légalisation de l'avortement devant le Palais des Congrès de Buenos Aires après l'adoption par le Sénat d'un amendement historique le 29 décembre 2020. © AI / Tomás Ramírez Labrousse
Des activistes célèbrent la légalisation de l'avortement devant le Palais des Congrès de Buenos Aires après l'adoption par le Sénat d'un amendement historique le 29 décembre 2020. © AI / Tomás Ramírez Labrousse

Interruption de grossesse Le droit à une décision libre et à la décriminalisation – dans le monde entier

15 septembre 2022
Toute personne susceptible de tomber enceinte a le droit de décider elle-même si, quand et à quels intervalles elle souhaite mener une grossesse à terme. Ce principe, déjà été établi au niveau international, continue cependant d'être mis à mal. Certains états mènent encore une politique qui criminalise l'interruption de grossesse et en restreint ou en interdit l'accès, avec des conséquences désastreuses en matière de droits humains.

Les avortements pratiqués dans des conditions dangereuses sont toujours l'une des principales causes de décès des femmes et des jeunes filles. On estime qu'environ 22’000 femmes enceintes meurent chaque année dans le monde des suites d'un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses.

Amnesty International appelle tous les États non seulement à dépénaliser l'avortement, mais également à garantir l'accès à des interruptions de grossesse sûres et légales. Ce faisant, les droits de toutes les femmes, jeunes filles et personnes susceptibles de tomber enceintes doivent être pleinement respectés.

Questions et réponses sur l'interruption de grossesse et la position d'Amnesty International.

L'interruption de grossesse doit pouvoir être pratiquée dans des conditions sûres, à moindre coût et sans discrimination. La dépénalisation de l'interruption de grossesse est un premier pas dans cette direction : ni la personne enceinte, ni la personne pratiquant l'interruption de grossesse ne doivent être poursuivies pénalement après une interruption de grossesse. Les mesures préventives sont également importantes : toute personne pouvant tomber enceinte doit avoir accès à des informations sur la sexualité et à des méthodes sûres de contraception. L'absence d’une prise en charge de l’avortement sûre, opportune, abordable et respectueuse est un problème majeur de santé publique et de droits humains.

La légalisation de l'avortement reste l'une des grandes préoccupations des personnes qui s'engagent pour l'égalité des genres dans le monde entier. Des groupes et gouvernements conservateurs cherchent toujours à faire adopter des lois qui interdisent ou limitent l'accès à l'interruption de grossesse sans risque. En Suisse aussi, l'interruption de grossesse fait régulièrement l'objet de discussions. Ainsi, cela fait seulement 20 ans que le régime du délai a été fixé à douze semaines.

L'évolution du débat sur l'interruption de grossesse en Suisse

Interruptions de grossesse au niveau international

Cette thématique est également d'actualité au niveau mondial. Dans plusieurs pays, l'accès à l'avortement sécurisé a été récemment restreint : en juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a décidé d'annuler la décision de principe dans l'affaire Roe v. Wade, privant ainsi des millions d'Américain∙e∙x∙s du droit à l'avortement. La réglementation légale des interruptions de grossesse est désormais entre les mains des différents États. De nombreux États américains ont rapidement adopté des lois pour interdire ou restreindre fortement l'avortement. Depuis le mois d’août 2022, l'avortement est presque ou totalement interdit dans 17 Etats ; au total, l'avortement est sérieusement menacé dans 26 des 50 États.

Dans le contexte de la crise du coronavirus, l'accès à l'avortement a été limité dans différents pays du monde. Certain∙e∙x∙s politicien∙ne∙x∙s utilisent la pandémie comme prétexte pour revenir sur des droits sexuels et reproductifs durement acquis, comme le droit à l'avortement. Des lois déjà strictes ont été encore durcies en Pologne en 2021, et en Slovaquie, une restriction a été vivement débattue en 2020.

En raison de l'interdiction stricte de l'avortement au Salvador, des femmes continuent d'être emprisonnées. Teodora del Carmen Vásquez a passé dix ans derrière les barreaux après une fausse couche.

Néanmoins, il y a aussi des développements positifs au niveau international : début août 2022, les électeur∙ice∙x∙s du Kansas - un État américain très conservateur - ont rejeté à une majorité écrasante un amendement qui aurait limité les interruptions de grossesse. En Argentine, un projet de loi visant à lé-galiser l'avortement jusqu'à la 14e semaine de grossesse a été adopté en décembre 2020, après des années de discussion, et en Irlande, la population a voté en mai 2018 pour la levée de l'interdiction de l'avortement.