© Brigitte Lampert/ Katharina Hofer/ Anne Gabriel-Jürgens
© Brigitte Lampert/ Katharina Hofer/ Anne Gabriel-Jürgens

Suisse Elles ont subi des violences sexuelles et brisent mythes, tabous et stigmates

De Alea Rentmeister et Natalie Wenger. Exposition «Nous en avons assez», mars 2022.
Dans la société, les idées reçues sur le viol ont la dent dure. Elles n'ont que peu de rapport avec la réalité, comme le montre une nouvelle exposition d'Amnesty International.

En Suisse, une femme sur cinq a déjà subi des violences sexuelles. Pourtant, les expériences réelles de violences sexuelles n'ont souvent pas grand-chose à voir avec les représentations sociales du viol : brutalité, violence, pénétration du pénis dans le vagin, par un inconnu.

Dans l'exposition «Nous en avons assez!» d'Amnesty Suisse, sept activistes rompent avec les mythes, les tabous et les stigmates qui persistent autour du viol. «Il existe de fortes attentes sociales sur la manière dont une personne concernée doit réagir - avant, pendant et après l'agression. Dans la réalité, c'est souvent très différent. C'est ce que la société doit comprendre», explique l'activiste Cindy. Aux côtés d'autres femmes qui ont subi des violences sexuelles et d’Amnesty International, elle s'engage activement pour l'autodétermination sexuelle et pour une réforme du droit pénal suisse en matière sexuelle. En effet, dans ce pays, une pénétration non désirée n'est considérée comme un viol que si l'auteur a contraint la victime, en recourant par exemple à la violence ou aux menaces. En réalité, dans de nombreux cas, les auteurs n'ont pas besoin de recourir à la contrainte, car ils profitent de l'état de choc de la victime.

L'accent n'est ici pas mis sur les actes de violence, mais sur leurs conséquences: Comment retrouver son autodétermination sexuelle et renouer avec sa sexualité après un viol? Qu'est-ce que cela fait de ne pas pouvoir prendre de douche après l'agression, mais d'être interrogée pendant des heures dans un poste de police? Pourquoi, en tant que victime de violences sexuelles, décide-t-on de ne pas dénoncer l'auteur? Que ressent-on lorsque des proches minimisent l'agression? Et dans quelle mesure pouvons-nous, en tant que société, nous engager pour leur rendre justice?

En racontant leur vécu, les activistes se libèrent de la honte et du silence. «Nous voulons raconter ce que cela signifie d'avoir subi des violences sexuelles», explique la militante Stephanie. Avec leurs histoires, elles veulent donner du courage aux personnes qui ont subi des violences sexuelles et mettre fin aux discours habituels et inexacts autour de cette thématique.