Des recherches précédemment menées par Amnesty International ont montré que du cobalt extrait par des enfants en République démocratique du Congo pouvait parfois être présent dans les chaînes d’approvisionnement de certaines des plus grandes marques d’électronique et de véhicules électriques.
En Amérique du Sud, certains éléments indiquent que l’extraction du lithium représente des risques pour les ressources en eau et les écosystèmes fragiles de populations indigènes. Parallèlement, la demande croissante en faveur de batteries « vertes » est porteuse de nouveaux risques pour l’environnement, notamment la pollution de zones minières, les dégâts infligés aux fonds marins, et l’accumulation de déchets due à une conception inefficace.
«Si les technologies telles que les véhicules électriques sont cruciales pour que le monde puisse se détourner des énergies fossiles, la révolution représentée par les batteries comporte des risques pour les droits humains et la planète.» Danièle Gosteli Hauser, responsable Économie et droits humains à Amnesty International
«Si les technologies telles que les véhicules électriques sont cruciales pour que le monde puisse se détourner des énergies fossiles, la révolution représentée par les batteries comporte des risques pour les droits humains et la planète. Nous devons repenser le fonctionnement de nos économies et de nos industries – tandis que le cauchemar éveillé de la pandémie continue, nous avons la possibilité de construire un futur plus juste et plus durable.», a déclaré Danièle Gosteli Hauser, responsable Économie et droits humains à Amnesty International.
«Nous demandons aux entreprises, à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement des batteries, de faire le nécessaire afin d’alimenter véritablement le changement. Les droits humains doivent être au cœur de leurs activités – cela peut prendre la forme d’une transparence accrue des chaînes d’approvisionnement, de l’octroi de réparations lorsqu’elles ont causé des préjudices, ou d’une véritable consultation des populations autochtones au sujet des projets miniers ayant un impact sur leur vie.
«Les gouvernements doivent appliquer les lois relatives à la protection de l’environnement, enquêter sur les allégations de violations, et faire de la diligence raisonnable en matière de droits humains une obligation légale. En Suisse, cette dernière exigence a été balayée lors de la votation en novembre dernier sur l’initiative pour des multinationales responsables car il manquait la majorité des cantons. Mais à un moment donné, la Suisse aussi devra se mettre au diapason de la scène internationale.»
Alimenter le changement
Dans Alimenter le changement : Principes pour les entreprises et les gouvernements dans la chaîne de valeur des batteries, Amnesty International présente des principes clés que les gouvernements et entreprises devraient respecter afin d’éviter de causer des atteintes aux droits humains et à l’environnement, d’y contribuer ou d’y être directement liés. Un certain nombre d’autres organisations de défense des droits humains et de protection de l’environnement ont cosigné ces principes.
Ces principes concernent toutes les entreprises jouant un rôle dans cette industrie, notamment le secteur financier, qui finance actuellement la vaste expansion de l’énergie verte et de la technologie des batteries, par le biais de puissants fonds « ESG » [qui intègrent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance].
Amnesty International demande aux fabricants de concevoir des batteries dans une optique d’efficacité maximale en termes d’utilisation des ressources, notamment en privilégiant des innovations utilisant moins de matériaux et de minerais, et en travaillant à produire des batteries contenant 100 % d’éléments recyclés en toute sécurité.
La synthèse met aussi en avant les dangers de l’exploitation minière des fonds marins, et demande aux entreprises et aux gouvernements de prendre l’initiative d’un moratoire sur cette pratique.
Dans un récent rapport, Greenpeace a signalé que les planchers océaniques sont actuellement en cours de « découpage », en dépit de vives inquiétudes sur l’impact de l’exploitation minière sur les écosystèmes marins. Greenpeace a découvert qu’un petit nombre de sociétés a le monopole de l’exploration minière des eaux profondes, un patrimoine mondial commun, malgré les mises en garde des scientifiques du domaine de l’environnement.
Amnesty International demande aussi aux gouvernements et aux entreprises de travailler avec les défenseur·e·s des droits environnementaux et les populations autochtones, afin de garantir que ceux-ci soient consultés et pleinement informés des opérations prévues et des risques potentiels.