Fruit de trois années d'investigations, Une vérité toxique examine en profondeur la succession tragique des défaillances à l'origine d'un désastre sanitaire, politique et environnemental. Ce rapport explique que la législation existante qui vise à prévenir de telles tragédies a été bafouée, plusieurs gouvernements s'étant montrés incapables d'interrompre le voyage du Probo Koala et de sa cargaison toxique vers Abidjan.
«Six années se sont écoulées depuis que l'on a laissé cette horrible tragédie se produire», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International. «Trafigura doit aujourd'hui être amenée à rendre pleinement compte de ses actes devant la justice. Nous sommes responsables des personnes qui, comme à Abidjan, deviennent les victimes d'une multinationale qui place le profit avant la santé des êtres humains.»
«Dans ce rapport, il est question de criminalité d'entreprise, d'atteintes aux droits humains et des carences des États qui n'assurent ni la protection des personnes ni celle de l'environnement. On constate ici que les systèmes d'application du droit international n'ont pas joué leur rôle pour les firmes agissant à une échelle transnationale. On voit qu'une société a pu profiter des flous juridiques et des conflits de juridiction et que son comportement a eu des conséquences désastreuses», a ajouté Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International.
Le scandale est survenu en août 2006, lorsque des déchets toxiques ont été livrés à bord du cargo «Probo Koala» en Côte d'Ivoire et remis à une entreprise d'élimination installée depuis peu à proximité de quartiers résidentiels d'Abidjan. Même si cela a eu des conséquences terribles pour la vie des personnes affectées, Trafigura a pu jusqu'à présent échapper aux poursuites judiciaires pour sa responsabilité dans le déversement des déchets toxiques.
Le rapport d'Amnesty International et de Greenpeace Pay-Bas, basé sur les déclarations des personnes concernées et des experts médicaux, amène un nouvel éclairage sur les conséquences du scandale des déchets toxiques à Abidjan.
Le rapport inclut également toute une série de recommandations à l'attention de la communauté internationale pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus. Il comporte en particulier des lignes directrices précises pour faire en sorte que les sociétés exerçant leurs activités à l'international ne puissent pas se soustraire à leur obligation de rendre pleinement des comptes pour les atteintes aux droits humains et à l'environnement qu'elles commettent. Amnesty International et Greenpeace Pays-Bas demandent également au Royaume-Uni d'ouvrir une enquête pénale sur le rôle joué par Trafigura dans le déversement, étant donné que la société du groupe basée dans le pays a pris un grand nombre de décisions cruciales à l'origine du désastre.