Plusieurs fuites de pétrole ont eu lieu à Gokana dans l’État de Rivers au Nigeria. Les opérations ont cessé depuis mais l’environ reste pollué. © Michael Uwemedimo/cmapping.net
Plusieurs fuites de pétrole ont eu lieu à Gokana dans l’État de Rivers au Nigeria. Les opérations ont cessé depuis mais l’environ reste pollué. © Michael Uwemedimo/cmapping.net

Nigeria Le Royaume-Uni donne carte blanche à Shell pour violer les droits humains

26 janvier 2017
La Haute Cour du Royaume-Uni a pris une décision qui pourrait priver des communautés nigérianes de justice. Cela donne carte blanche aux multinationales britanniques pour bafouer les droits humains à l'étranger en toute impunité.

Le 26 janvier 2017, la Haute Cour a statué que Royal Dutch Shell (RDS) ne peut être tenue pour responsable des actes de sa filiale nigériane, Shell Petroleum Development Company of Nigeria Ltd (SPDC). Pourtant, l'entreprise a tiré profit d'atteintes aux droits humains et de dégâts environnementaux pendant des décennies dans le delta du Niger au Nigeria. Les communautés, dévastées par des déversements d'hydrocarbures, devraient faire appel du jugement.

Des preuves concrètes

Il s’agit de la deuxième plainte déposée en 2016 contre RDS et sa filiale SPDC. Elle concerne la communauté d'Ogale du pays ogoni, qui représente environ 40 000 personnes. Au fil des ans, il y a eu des fuites répétées d'oléoducs de Shell en pays ogoni, et elles n'ont toujours pas été nettoyées.

Les éléments de preuve présentés devant la cour et les preuves d'Amnesty International démontrent que Royal Dutch Shell, entreprise néerlando-britannique, exerce une influence décisive sur la conduite de sa filiale nigériane. Cependant, Shell a contesté la compétence de la Haute Cour britannique, faisant valoir que l'affaire concernait des plaignants nigérians et une entreprise nigériane.

Un dangereux précédent 

Or il est très difficile pour des communautés rurales de former un recours devant les tribunaux nigérians, car seuls les tribunaux fédéraux ont la compétence de traiter les affaires pétrolières et peu d'avocats sont prêts à affronter les grandes compagnies pétrolières. Les rares affaires qui vont jusqu'aux tribunaux traînent en longueur pendant des années dans les méandres de la justice nigériane, sans être résolus.

Ce jugement établit un précédent particulièrement dangereux. S'il est confirmé, cela revient à donner carte blanche aux multinationales dont le siège se trouve au Royaume-Uni pour bafouer les droits humains à l’étranger. Les populations pauvres et les pays en développement en paieront le prix. Cette décision rappelle cruellement l'impunité dont jouissent les puissantes entreprises et porte un coup aux autres communautés dans le delta du Niger, qui attendent toujours d’obtenir justice.