Elle poursuit Shell en justice: Esther Kiobel devant le tribunal de district de La Haye, février 2019 © Amnesty International
Elle poursuit Shell en justice: Esther Kiobel devant le tribunal de district de La Haye, février 2019 © Amnesty International

Nigeria/Pays-Bas Le jugement concernant Shell est «une avancée cruciale vers la justice»

2 mai 2019
Le tribunal de district de La Haye a rendu le 1er mai 2019 un jugement provisoire dans l’affaire intentée par Esther Kiobel et trois autres femmes concernant l’implication de Shell dans l’arrestation illégale, la détention et l’exécution de leurs époux par l’armée nigériane. Le tribunal a statué en faveur des plaignantes, assurant qu’il est compétent pour juger de cette affaire qui ne doit pas faire l’objet d’un délai de prescription.

Le tribunal a également statué que Shell devait remettre des documents internes confidentiels aux avocats des plaignantes qui auront la possibilité d’interroger les témoins.

Mark Dummett, directeur du programme Responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International, a déclaré:

«Cette décision judiciaire marque une avancée cruciale en direction de la justice pour Esther et les autres plaignantes. En outre, elle établit un important précédent pour les autres victimes autour du monde qui cherchent à amener des entreprises puissantes à rendre des comptes et luttent pour obtenir justice.

«La décision rendue ce jour aura de grandes répercussions pour les personnes, partout dans le monde, qui ont subi des préjudices en raison de l’avidité et de la conduite inconsidérée des multinationales.» - Mark Dummett, directeur du programme Responsabilité des entreprises en matière de droits humains à Amnesty International

«Nous rendons hommage à Esther Kiobel, Victoria Bera, Blessing Eawo et Charity Levula. C’est uniquement grâce à leur courage et à leur persévérance que nous sommes allés aussi loin.

«Ces femmes sont convaincues que leurs époux seraient toujours en vie aujourd’hui si Shell n’avait pas poursuivi sa quête insatiable de profit, encourageant ainsi le gouvernement nigérian à réprimer de façon sanglante les manifestations, tout en connaissant le coût humain de ces opérations. Shell va peut-être devoir répondre à des questions devant un tribunal sur ce que l’entreprise savait et sur la manière dont elle a contribué à ce sombre chapitre de l’histoire nigériane.

«La décision rendue ce jour aura de grandes répercussions pour les personnes, partout dans le monde, qui ont subi des préjudices en raison de l’avidité et de la conduite inconsidérée des multinationales.»

Amnesty International a salué la décision du tribunal, qui a ordonné à Shell de rendre publics certains documents internes, mais regrette qu’il n’ait pas ordonné que soient remis tous les documents demandés par les avocats d’Esther.

 

Complément d’information

De graves allégations contre Shell vont être examinées par la justice, 23 ans après les faits.