Amnesty International lance un appel aux autorités chinoises et leur demande de relâcher immédiatement Zhang Zhan, Ilham Tohti, Li Qiaochu, Gao Zhisheng et Rinchen Tsultrim. Entre-temps, Pékin doit révéler sans délai où se trouvent ces individus et garantir qu’ils ne soient pas soumis à des actes de torture ou d’autres mauvais traitements, qu’ils puissent communiquer avec leurs familles et consulter les avocats de leur choix régulièrement et sans restriction, et qu’ils reçoivent les soins médicaux réclamés ou si nécessaire.
Amnesty demande en outre aux autorités chinoises, conformément aux engagements qu’elles ont pris quant aux Jeux olympiques:
- D’assurer une totale liberté des médias, ce qui comprend un accès non restreint à Internet, à la fois pour les journalistes chinois et étrangers, dans toutes les régions de la Chine, avant et pendant les Jeux.
- De veiller à ce qu’il y ait de réelles possibilités de manifester pacifiquement pendant les Jeux, sans que les participant·e·s à ces manifestations n’aient à craindre des représailles.
RECOMMANDATIONS ADRESSÉES AU COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE
Conformément à la résolution Promotion des droits de l’homme par le sport et l’idéal olympique, adoptée le 22 juin 2020 par le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies, Amnesty International appelle le Comité international olympique (CIO) à pleinement intégrer les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme dans ses activités. Amnesty International salue les efforts actuellement fournis par le CIO pour mettre au point un cadre stratégique lié aux droits humains, en vue de remplir l’intégralité de ses responsabilités et de ses engagements. Nous appelons le CIO à accélérer cette procédure et à adopter sans délai une stratégie en matière de droits humains qui assure l’engagement des parties prenantes et l’intégration de sa politique globale sur les droits humains dans ses principaux documents, comme la Charte olympique.
Le CIO ne devrait pas attendre d’avoir adopté un tel cadre stratégique pour commencer à assumer ses responsabilités en vertu des Principes directeurs des Nations unies. Amnesty International exhorte de toute urgence le CIO à faire preuve de diligence raisonnable quant aux droits humains et de publier ses politiques et pratiques en la matière, conformes aux normes internationales, visant à identifier, prévenir, limiter et gérer en temps opportun les conséquences de ses activités, de ses relations commerciales et de ses chaînes logistiques sur les droits humains. Le CIO devrait appliquer ce principe de diligence raisonnable en termes de droits humains lors des préparatifs des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin et pendant cet événement.
Le CIO devrait également insister pour que les autorités chinoises tiennent leurs promesses quant à la liberté d’expression dans le cadre des Jeux, notamment concernant la liberté des médias avant et pendant la période olympique, et la mise en place de zones où il sera possible de manifester à l’occasion des Jeux.
Le CIO doit respecter la liberté d’expression des athlètes et des dirigeants sportifs et s’abstenir d’essayer de les dissuader de se prononcer en faveur des droits humains ou d’exprimer leur solidarité envers les personnes victimes de violations de ces droits – y compris dans des zones déclarées « sensibles » par les autorités chinoises. Le cas échéant, il ne doit pas les sanctionner. Il doit également veiller à ce qu’un espace adéquat soit prévu lors des Jeux pour permettre aux athlètes de s’exprimer. Au minimum, le CIO devrait adapter les Lignes directrices relatives à l’expression des athlètes, appliquées lors des Jeux de 2020 à Tokyo, pour les Jeux d’hiver de 2022, tout en s’assurant que les éventuelles mesures de restriction de la liberté d’expression soient strictement nécessaires et légitimes.
RECOMMANDATIONS ADRESSÉES AUX COMITÉS NATIONAUX OLYMPIQUES
Les Comités nationaux olympiques (CNO) doivent respecter la volonté des athlètes et des dirigeants sportifs de se prononcer en faveur des droits humains et de dénoncer les violations de ces droits en Chine, sans jamais chercher à les en dissuader. Par ailleurs, Amnesty International les encourage à veiller à ce que l’ensemble des athlètes et des autres membres des délégations nationales envoyées aux Jeux d’hiver Pékin aient accès aux informations sur les questions de droits humains en Chine. Elle les appelle en outre à fournir à leurs délégations nationales des éléments sur les droits humains dans le cadre de leurs efforts globaux pour guider et accompagner les athlètes, entre autres, dans leur parcours olympique.
Les CNO ne devraient prendre aucune forme de sanction contre leurs athlètes ou les dirigeants sportifs pour avoir évoqué les violations des droits humains en Chine ou ailleurs.
RECOMMANDATIONS ADRESSÉES AUX AUTRES GOUVERNEMENTS
Amnesty International appelle les représentants gouvernementaux et étatiques, y compris ceux qui prévoient d’assister aux Jeux olympiques, à user de leur influence auprès des autorités chinoises pour les pousser à prendre de toute urgence des mesures dans la lignée des recommandations précédentes. Nous exhortons les gouvernements à faire part publiquement de leurs inquiétudes quant aux humains quand la situation s’y prête.