Serbie Des militantes serbes arrêtés pour avoir protégé une famille rom expulsée

25 octobre 2011
Deux défenseurs des droits humains ont été appréhendés mardi 25 octobre 2011 pour avoir essayé de s'opposer à l'expulsion forcée d'une famille rom à Belgrade.

Ces militants du Centre régional pour les minorités ont été arrêtés pour entrave à la justice, après avoir essayé de manière pourtant pacifique d'empêcher la police d'expulser Mevljude Kurteshi et ses six enfants de leur appartement.

«Ces militants essayaient simplement de défendre les droits fondamentaux d'une famille victime d'une expulsion forcée, acte illégal et inhumain perpétré par les autorités serbes», a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale.

«Il faut immédiatement proposer une solution de relogement à Mevljude Kurteshi et ses enfants.»

Des témoins déclarent que les deux militants ont été arrêtés après avoir poliment refusé de quitter le seuil de l'appartement de Mevljude Kurteshi, au sous-sol de son immeuble. Ils ont été relâchés mais risquent d'être poursuivis pour entrave à la justice, infraction passible d'une peine d'emprisonnement.

Les autorités n'ont donné à cette femme aucune raison justifiant son expulsion et ne lui ont pas proposé de logement de remplacement.

À la suite de l'expulsion, ses affaires ont été chargées à bord d'un camion et transportées jusqu'au quartier informel rom de Belville, où la famille est contrainte d'emménager avec des parents, faute de mieux. Des expulsions sont également prévues à Belville.

Des voisins seraient sortis pour se moquer d'elle, applaudissant alors qu'elle attendait un bus pour Belville, sa nouvelle «maison», avec ses enfants dont certains étaient pieds nus.

«Ce dernier mois, on a pu observer plusieurs expulsions forcées effectuées dans un mépris total des droits des personnes vulnérables», a ajouté Nicola Duckworth.

«Expulser une mère seule et ses enfants sans leur proposer de solution de relogement adaptée est une violation des obligations de la Serbie en vertu du droit international.»

Mevljude Kurteshi et sa famille ont été déplacés de force du Kosovo après la guerre de 1999. Comme d'autres Roms déplacés à l'intérieur du pays, elle n'est pas en mesure de retourner chez elle.

En 2006, elle avait été relogée dans cet appartement après avoir dû quitter un lotissement surnommé «quartier de l'amiante», qui a été démoli pour des raisons de santé et de sécurité.

Dans un premier temps prévue pour le 11 octobre, l'expulsion effectuée par la police et les autorités de Čukarica avait été reportée après que des militants en faveur des droits humains et des organisations non gouvernementales locales aient mené une action de protestation sur le site.

Les autorités serbes n'ont pas adopté de loi interdisant d'expulser des personnes de force, ce qui garantirait que les procédures et les garanties prévues par les directives et les principes des Nations unies relatifs aux expulsions forcées soient en place avant toute expulsion.

Aux termes de l'article 12(1) de la Déclaration des Nations unies sur la protection des défenseurs des droits de l'homme, «[c]hacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales».