Depuis qu’elles ont été chassées du quartier informel de Belvil, le 26 avril 2012, cinq familles – 18 personnes au total, parmi lesquelles des enfants et un bébé né peu après leur arrivée – vivent dans un entrepôt désaffecté à Nis, dans le sud de la Serbie, où elles n’ont pas l’eau courante ni des installations sanitaires ni l’électricité.
Amnesty International a travaillé avec d’autres ONG en Serbie afin d’obtenir des autorités qu’elles fassent respecter le droit de ces familles à l’eau, à la suite d’une visite de l’entrepôt par une délégation de l’organisation en juin 2012. Les températures commençaient alors à dépasser les 35 °C, ce qui rendait les conditions de vie encore plus difficiles.
Mercredi 18 juillet 2012, les services du nouveau maire de Nis, récemment élu, ont fait savoir à l’organisation que l’entrepôt avait finalement été raccordé au réseau d’eau potable.
«L’accès permanent à l’eau potable représente un progrès modeste mais très appréciable en vue du respect des droits de ces familles », a déclaré Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.
«Il est aberrant que les autorités aient attendu près de trois mois avant de permettre l’approvisionnement en eau alors que les températures ont été très élevées.»
Améliorations des conditions de vie attendues
Amnesty International va continuer de faire pression sur les autorités de la ville de Nis pour qu’elles fournissent des solutions de relogement adéquates aux familles qui ont été chassées de chez elles, et pour qu’elles améliorent d’ici là leurs conditions de vie, notamment en leur fournissant de l’électricité.
«Nous comprenons que les autorités locales qui ont reçu les familles expulsées ont eu à leur trouver un logement d’urgence en l’espace de quelques jours seulement, a ajouté Jezerca Tigani.
«Mais elles doivent à présent faire en sorte que ces familles soient rapidement installées dans des logements de remplacement convenables conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.»
Plus de 240 familles expulsées
Les Roms qui ont été relogés dans l’entrepôt de la rue Daniciceva à Nis font partie des plus de 240 familles expulsées de force du quartier de Belvil, à Belgrade, le 26 avril 2012. Plus de 100 de ces familles, qui n’étaient pas inscrites sur les listes d’habitants de la ville de Belgrade, ont été emmenées hors de la capitale et conduites dans différentes localités à travers le pays.
Au moment de l’expulsion forcée – qui, pour Amnesty International, a violé de manière «flagrante» le droit international – une jeune fille de 17 ans enceinte qui allait être conduite à Nis à dit à l’organisation qu’elle n’avait pas de logement ni nulle part où résider dans cette ville. Elle vit actuellement avec son bébé dans l’entrepôt, avec les autres familles.
Des mois d'attente pour l'eau courante
Quand les familles sont arrivées à l’entrepôt, à Nis, il n’y avait pas d’eau courante mais les infrastructures nécessaires étaient déjà en place pour amener l’eau dans le bâtiment.
Deux mois plus tard, quand les représentants d’Amnesty International se sont rendus à Nis, les autorités de la ville leur ont assuré que le raccordement à l’eau potable serait réalisé dans les jours suivants. Or, mis à part une rapide visite sur le site d’employés de la compagnie des eaux, rien n’a été fait jusqu’à cette semaine, après la prise de fonction du nouveau maire de la ville.
Dans l’intervalle, les familles ont été forcées d’utiliser des récipients en plastique pour aller chercher de l’eau dans le bâtiment d’un marché municipal situé à 115 mètres. L’accès à l’eau était limité aux heures d’ouverture du bâtiment – de 7 heures à 15 heures – et soumis aux caprices des responsables du marché qui empêchaient souvent les familles roms d’en bénéficier.
L’autre point d’eau municipal le plus proche se trouvait à plus d’une demi-heure de marche, dans le centre-ville.
Le droit à l'eau implique que l’eau doit être accessible là – ou à proximité immédiate de l’endroit – où vivent les gens. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les personnes encourent des problèmes de santé quand le point d’approvisionnement en eau se trouve à plus de 100 mètres de leur foyer, ou quand il leur faut plus de cinq minutes pour aller chercher de l’eau.