La crise alimentaire s’aggrave de façon inquiétante dans les pays de la Francophonie. Des millions de personnes subissent l’insécurité alimentaire et la faim. Plusieurs émeutes de la faim ont éclaté poussant de nombreux pays francophones sur le bord du gouffre.
La faim est le produit de l’action des hommes. Elle résulte de décisions prises par des gouvernements, des entreprises, des institutions et d’autres acteurs qui ont le pouvoir et dans certains cas l’obligation d’améliorer la qualité de vie des populations civiles. Les programmes mondiaux de développement ne prennent généralement pas en compte l’ensemble des droits des personnes pauvres et exclues et ne défendent pas l’accès aux droits humains pour tous.
Le développement «pervers», lié aux exigences de la mondialisation, a généré de graves violations des droits humains ces trois dernières décennies.
Au Burkina Faso par exemple, où 80% de la population est composée d’agriculteurs, le pays est contraint d’importer massivement le riz et le lait consommés en dépit des grands investissements des politiques de «développement» pour venir en aide au secteur agricole.
Il faut absolument recentrer les programmes de développement sur les individus et les communautés pour qu’ils en soient les premiers bénéficiaires.
Un développement qui intègre les droits humains place les individus au centre du développement. Il favorise la pleine réalisation des droits économiques et sociaux (droit au travail, droit à l’alimentation, droit à l’éducation, droit à un logement convenable, etc.) et permet aux droits civils et politiques (liberté d’expression, droit de vote, etc.) d’assurer la transparence, la responsabilisation et la bonne gouvernance des processus de développement.
Il exige aussi l’incorporation de garanties pour protéger les minorités, les femmes, les réfugiés et les groupes marginalisés en plus de permettre un haut degré de participation des communautés de la société civile.
En respectant le droit à la vie, le droit à la sécurité personnelle et les droits d’être libéré de la crainte, de la discrimination et de l’exclusion, un développement ancré sur les droits humains offre une protection contre le développement «pervers» qui nourrit l’exclusion.
Enfin, un développement respectueux des droits humains fait en sorte que l’assistance aux personnes marginalisées ne relève plus de la charité mais d’une obligation légale pour les États.
Au Cambodge, 150 000 personnes sont menacées d’expulsion suite à de vastes projets immobiliers de «développement». Les habitants doivent quitter leurs foyers et se réinstaller sur des sites dépourvus des infrastructures les plus élémentaires.
Le développement respectueux des droits humains repose sur un partage des obligations entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires. L’aide publique au développement doit entraîner un avancement des droits humains et non un recul. Les pays développés ont le devoir de prendre des mesures effectives pour surveiller l’impact de leurs interventions sur les droits humains.
Quant aux pays bénéficiaires, ils doivent assurer le minimum essentiel requis pour que tout individu soit à l'abri de la faim et de la misère. S'ils sont incapables de se conformer à cette obligation, ils doivent démontrer qu'ils n'ont épargné aucun effort en vue de remplir en priorité cette obligation minimale.
L’Organisation internationale de la Francophonie doit mettre en application l’intégralité du chapitre V de la déclaration de Bamako afin que cessent les violations des droits humains. De plus, les dirigeants des pays membres de la Francophonie doivent reconnaître que seules des politiques de développement respectueuses des droits humains peuvent êtres efficaces pour assurer la dignité humaine et contrer la misère.
Amnesty International Belgique Fr, Amnesty International Canada Francophone, Amnesty International France, Amnesty International Tunisie, Amnesty International Sénégal, Amnesty International Suisse.
Le 15 octobre 2008