Objectifs du Millénaire pour le développement Objectifs du Millénaire: Alliance Sud et Amnesty International exigent plus d’engagement de la Suisse

La Suisse doit s’engager plus activement pour les Objectifs du Millénaire de l’ONU visant à réduire de moitié la faim et l’extrême pauvreté dans le monde. C’est ce qu’exigent Alliance Sud, la communauté de travail des grandes œuvres d’entraide, et Amnesty International en vue du Sommet de l’ONU qui se tiendra la semaine prochaine à New York.

Lors d’une conférence de presse commune, ils ont demandé une rapide augmentation de l’aide au développement et une politique globale plus cohérente de la Suisse envers les pays pauvres, notamment en matière de protection des brevets et d’échange d’information sur la fiscalité. De plus, la Suisse doit mettre les droits humains au centre de sa politique étrangère et de sa politique économique extérieure. «La pauvreté n’est pas une fatalité, mais la con­séquence d’inégalités sociales et de discriminations systématiques», ont déclaré les deux organisations à Berne.

Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud, a critiqué comme insuffisant l’engagement jusqu’ici de la Suisse dans la lutte mondiale contre la pauvreté : «Concernant la Suisse et les OMD, on peut parler d’une décennie perdue», a déclaré le représentant des organisations d’entraide Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Eper. Le Conseil fédéral n’a pas tenu sa promesse d’augmenter l’aide au développement. Celle-ci dépasse le niveau d’il y a dix ans uniquement parce qu’on comptabilise de nouvelles dépenses qui n’ont rien à voir avec l’aide au développement, comme les remises de dettes ou la prise en charge des requérants d’asile. De plus, la Suisse poursuit une politique de défense de ses intérêts contraire aux Objectifs du Millénaire, a expliqué Peter Niggli. Par exemple, dans l’intérêt de l’industrie pharmaceutique, elle exige une protection rigoureuse des brevets, qui «fait augmenter les prix et bloque l’accès des populations pauvres aux médicaments bon marché». En matière de politique financière, elle refuse aux pays en développement un échange d’information efficace, avec pour effet d’attiser l’évasion fiscale et de stimuler des fuites de capitaux qui excèdent de loin les montants de l’aide au développement.

Les résultats plutôt mitigés jusqu’ici sont d’abord le fruit d’un manque de volonté politique, a souligné Daniel Bolomey, secrétaire général d’Amnesty International. Les gouvernements n’ont pas tenu leurs promesses, mais ils se dédouanent en rendant la situation économique précaire seule responsable de la non-réalisation des OMD. « La cause principale des échecs est le non-respect des droits fondamentaux des personnes qui vivent dans la pauvreté », a expliqué Daniel Bolomey. La pauvreté n’est pas qu’une question d’argent. Au-delà du manque de moyens financiers, elle signifie aussi être exclu et discriminé, ne pas être entendu et devoir vivre dans l’insécurité permanente. Pour Amnesty International, la pauvreté est la cause et le résultat de violations multiples des droits aussi bien civils et politiques qu’économiques, sociaux et culturels. Selon Daniel Bolomey, on ne pourra gagner la lutte contre la pauvreté que lorsque les personnes concernées participeront aux plans d’action et aux processus de décision et que leurs droits seront respectés.

 

Communiqué de presse publié le 16 septembre 2010, Berne
Contact du service de presse (Amnesty)
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