Des expulsions forcées dans les bidonvilles d'Abonnema Wharf (Nigeria) ont eu lieu en 2012. © AI
Des expulsions forcées dans les bidonvilles d'Abonnema Wharf (Nigeria) ont eu lieu en 2012. © AI

Objectifs du millénaire pour le développement Les droits humains doivent être considérés pour l'après-2015

24 septembre 2013
Les dirigeants du monde entier risquent de creuser les inégalités et d'aggraver la discrimination et l'injustice si les droits humains sont mis de côté lors de l'élaboration du programme pour le développement après 2015, a averti Amnesty International à l'approche de discussions cruciales qui se tiendront au siège des Nations unies, à New York, durant la semaine du 23 septembre 2013.

«Les groupes de population les plus pauvres, les plus défavorisés et les plus marginalisés sont en train d'être abandonnés. La volonté des gouvernements de réaliser leurs objectifs les pousse souvent à fouler aux pieds les droits humains les plus fondamentaux », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty International.

Les débats à New York passeront en revue les avancées concernant les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et établiront un nouveau programme sur 15 ans visant à éliminer la pauvreté et encourager un développement durable.

S’attaquer aux facteurs d’inégalité

«Il faut que les gouvernements cessent de n'apporter qu'un soutien de façade aux droits humains et qu'ils les placent au cœur du programme pour un développement durable. Sans cela, des objectifs sont atteints au prix d'une aggravation des inégalités, des discriminations et de l'injustice.», a ajouté Salil Shetty.

Les OMD et le programme pour l'après-2015 doivent porter directement sur les facteurs d'inégalités. Il faut s'attaquer aux barrières, multiples et généralisées, qui marginalisent les pans les plus vulnérables de la société, et les détruire.

Un exemple parlant: le Nigeria

Selon les informations rassemblées par le Programme des Nations unies pour le développement, le Nigeria a fait des progrès sur presque tous les OMD et il est très possible que le pays atteigne les objectifs fixés d'ici 2015. Pourtant, ces excellents résultats cachent des différences et des inégalités régionales, ainsi que des écarts entre divers groupes et minorités.

Par exemple, dans une seule ville du Nigeria, plus de 200 000 personnes risquent aujourd’hui d’être expulsées de leur logement parce que les autorités envisagent de démolir une quarantaine de quartiers d’habitat informel situés au bord de l'eau à Port-Harcourt.

Et beaucoup d'autres pays sont dans une situation semblable. D'après les éléments dont dispose Amnesty International, des expulsions forcées ont lieu partout dans le monde. En Europe, elles entraînent la ségrégation des communautés roms. En Afrique, en Asie ou aux Amériques, des milliers de personnes sont expulsées des terres de leurs ancêtres pour laisser la place à des multinationales spécialisées dans les industries extractives ou l'agroalimentaire.

Des accords économiques dangereux

«Bien trop souvent, des accords valant plusieurs millions de dollars sont passés sans la moindre considération pour les droits des personnes les plus concernées. Ces accords économiques sont souvent présentés par les États comme devant les aider à atteindre les OMD», a indiqué Salil Shetty.

Lorsque les processus de développement échouent ou entraînent des violations et des atteintes aux droits humains, les gouvernements, les institutions financières, les donateurs internationaux et les entreprises doivent rendre des comptes. Le droit à réparation est essentiel.

Les plus vulnérables doivent être pris en compte

«Où sont les réparations pour les millions de femmes qui continuent de souffrir et, souvent, de mourir inutilement au cours de leur grossesse ou lors de l'accouchement en raison des discriminations et de tout un arsenal de barrières économiques et sociales qui les empêchent d'accéder à des services de santé sexuelle et reproductive ?»

«Aucun programme de développement sur lequel les dirigeants mondiaux pourraient s'accorder ne doit laisser de côté les groupes de population les plus pauvres, les plus marginalisés et les plus exclus. Tant que les chefs d'États ne s'engageront pas pour de bon à placer les droits humains au cœur du programme pour le développement, rien ne changera vraiment», a conclu Salil Shetty.