Elles parlent de la crainte de la violence, qui est om-niprésente, et de leur peur d’être traitées comme des délinquantes. Elles disent qu’elles ne sont jamais écoutées, qu’elles sont exclues non seulement de la société mais aussi des décisions qui les concernent. Elles évoquent la perte de leurs maigres moyens de subsistance quand des multinationales décident d’extraire les richesses naturelles qui se trouvent sous leurs pieds. Elles évoquent les arrestations arbitraires, la marginalisation, la privation d'accès à la justice. La pauvreté se caractérise par la privation, l'insécurité, l'exclusion et l'impossibilité de faire entendre sa voix.
Vivre dans la pauvreté
Lorsque vous vivez dans la pauvreté, votre sécurité et celle de votre famille sont menacées quotidiennement. Votre domicile, vos biens et vos moyens de subsistance sont souvent pré-caires et peu, voire absolument pas, protégés par la loi. Vous occupez rarement un emploi stable et permanent, et n’avez généralement aucun pouvoir dans le cadre des relations em-ployeur-employé. Vous ne disposez d’aucun recours lorsque ceux et celles qui ont du pouvoir sur vous en abusent. Vous risquez davantage d’être affecté·e par les conflits et la violence cri-minelle, mais aussi d’être privé·e de la protection de la loi et de la police, réservée à ceux et celles qui sont plus riches et qui ont de l’influence.
Droits humains = moins de pauvreté
Pour respecter pleinement les droits humains, il faut admettre que chacun·e a le droit de vivre dans la dignité, a droit à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux, à l’éducation et au loge-ment. Ce principe offre aux personnes vivant dans la pauvreté un outil leur permettant de mo-difier les rapports de force qui les maintiennent dans cette condition.
Les personnes qui vivent dans la pauvreté sont exclues, privées du droit à la parole et menacées par la violence et l’insécurité. Si leurs droits étaient respectés, le piège qui les empri-sonne s'ouvrirait.
Le respect des droits humains exige qu’il soit tenu compte de chaque personne, que chacun·e ait son mot à dire, et que ceux et celles qui détiennent le pouvoir veillent à ce que tous et toutes puissent vivre à l’abri de la peur et du besoin, comme le stipule la Déclaration univer-selle des droits de l’homme (DUDH), signée par tous les Etats en 1948.
Des voix qu'on ne veut pas entendre
Les personnes vivant dans la pauvreté disent que les pouvoirs en place les ignorent. Elles esti-ment qu’on ne tient pas compte de leurs avis. Leurs efforts pour s’organiser se heurtent à la répression, certaines informations concernant le lieu où elles vivent ou le groupe auquel elles appartiennent ne leur sont pas communiquées, et les procédures de consultation sont truquées ou sans effet. Que l’on fasse délibérément taire des personnes ou que celles-ci soient réduites au silence par l’indifférence, le résultat est le même – un puissant sentiment de ne pas pouvoir se faire entendre. Ce n’est pas une simple coïncidence si les pays les plus pauvres sont également parmi les plus répressifs au monde. Et même dans les pays officiellement attachés aux principes démocratiques, les personnes vivant dans la pauvreté ne manquent pas de souligner les difficultés qu’elles rencontrent pour se faire entendre.
Ces personnes disent aussi qu’elles se sentent exclues des institutions qui ont justement été créées afin de fournir les services publics dont elles ont tant besoin. Les tribunaux, la police, les organismes de protection sociale, les conseils municipaux, les services collectifs, les conseils d’établissement – officiellement censés accorder à tous les citoyens et citoyennes un traitement égal – font trop souvent preuve de mépris ou d’indifférence envers les personnes défa-vorisées. Et si vous êtes une femme pauvre, vous vous heurtez aux obstacles dressés par la fa-mille et la société, qui vous excluent des processus décisionnels et du pouvoir, de l’accès à la propriété et à la terre ou du droit de disposer de votre corps.