10 octobre - Journée mondiale contre la peine de mort Halte aux exécutions de mineurs

La perspective d’un monde sans peine de mort devient de plus en plus réalité. 139 pays ont déjà aboli la peine capitale. Malgré cela, des milliers de personnes sont exécutées chaque année, et parmi elles des mineurs au moment des faits qui leur sont reprochés. C’est pourquoi la mobilisation internationale doit être forte, si l’on veut atteindre un jour un monde sans peine de mort. Lors d’une conférence de presse commune à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort (le 10 octobre), le Département fédéral des affaires étrangères a annoncé que la Suisse, en tant que pays-hôte du 4e Congrès mondial contre la peine de mort, voulait contribuer de façon importante à l’abolition de la peine capitale dans le monde. Le samedi 10 octobre, des militants manifesteront contre les exécutions de mineurs à Genève et à Zurich.

Lundi dernier, le 5 octobre, le réfugié afghan Abbas Hosseini aurait dû être exécuté en Iran pour un crime commis alors qu’il n’avait que 17 ans. Les autorités judiciaires ont toutefois repoussé l’exécution, pour lui donner le temps de persuader la famille de la victime d'accepter une compensation financière en échange de la résolution de l'affaire. Le sort d’Abbas Hosseini n’est pas unique. Depuis 1990, au moins 41 jeunes ont été exécutés rien qu’en Iran et plus de 140 jeunes attendent dans les couloirs de la mort. Le Yémen, l’Arabie saoudite et le Soudan exécutent également des mineurs.

La Déclaration universelle des droits de l’homme garantit à chaque être humain le droit à la vie. La peine de mort viole ce droit fondamental. Elle est cruelle, inefficace et irrévocable. C’est pourquoi des organisations des droits humains, le gouvernement suisse et l’Union européenne s’engagent ensemble contre toute forme de peine capitale et pour son abolition dans le monde. Ce message a été lancé dans le cadre d’une conférence de presse organisée à Berne par Amnesty International et l’ACAT-Suisse, en collaboration avec le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et la Délégation de la Commission européenne, à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre.

Aujourd’hui, 139 pays ont aboli la peine de mort, dans la loi ou la pratique. Seule une petite minorité d’Etats maintiennent les exécutions. Un monde sans peine de mort devient de plus en plus réalité. De grands progrès ont en particulier été constatés en Afrique. Le 22 avril 2009, le Burundi a adopté un nouveau code pénal qui met fin à la peine de mort. L’engagement durant des années d’organisations locales et internationales de défense des droits humains a permis de convaincre le gouvernement burundais de franchir ce cap, a expliqué Chantal Mutamuriza, présidente et fondatrice de l’ACAT-Burundi.

Pour la Suisse, l’abolition mondiale de la peine de mort est une composante importante de sa politique des droits humains, a expliqué Ralf Heckner, chef de la section politique des droits humains au DFAE, lors de la conférence de presse à Berne. Cet engagement transparaît dans le rôle de la Suisse en tant que pays-hôte du 4e Congrès mondial contre la peine de mort, qui se déroulera du 24 au 26 février 2010 à Genève. En plus du soutien financier, la Suisse s’engage à fond dans l’organisation de cette manifestation, en collaboration avec le canton et la ville de Genève. Plus de 1000 participants du monde entier sont attendus.

En Europe, le dernier pays à appliquer la peine de mort est la Biélorussie. L’ambassadeur de l’Union européenne en Suisse, Michael Reiterer, a expliqué devant les médias que l’Union européenne cible son lobbying sur les pays qui sont sur le point d’abolir la peine de mort. Elle s’engage également pour des cas individuels quand la peine capitale menace des mineurs, des femmes enceintes ou des personnes handicapées mentales. L’abolition de la peine de mort est une condition sine qua non pour l’adhésion à l’Union européenne.

Lukas Labhardt, expert sur la peine de mort à Amnesty International, a relevé les cas de mineurs au moment des faits reprochés, comme Abbas Hosseini. En 2008, deux mineurs ont été exécutés en Arabie saoudite et au moins huit en Iran. Au moins 140 autres attendent dans les couloirs de la mort. Le 10 octobre, des militants d’Amnesty International organiseront des actions de rue et exigeront des autorités d’Iran, du Yémen, d’Arabie saoudite et du Soudan qu’elles renoncent à exécuter les délinquants mineurs.

L’ACAT-Suisse soutient également l’appel contre les exécutions de mineurs. A l’occasion de la journée mondiale 2009, l’organisation de défense des droits humains souhaite sensibiliser en particulier les jeunes, avec le slogan « Eduquer à l’abolition », a expliqué Sonam Bernhard, responsable de la communication de l’ACAT. Pour atteindre cet objectif, l’ACAT a élaboré du matériel pédagogique destiné aux enseignants.

Communiqué de presse commun de la Section suisse d'Amnesty International et de l'ACAT-Suisse, publié le 8 octobre 2009, Berne.
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