Journée mondiale contre la peine de mort Des pays continuent d’exécuter des handicapés

Des pays à travers le monde continuent à condamner à mort et à exécuter des personnes handicapées mentales, en violation flagrante des normes internationales, a déclaré Amnesty International à la veille de la Journée mondiale contre la peine de mort.

 

Amnesty International a recensé des cas de personnes qui souffrent de handicaps psychiques risquant une exécution ou ayant été exécutées notamment au Japon, au Pakistan et aux Etats-Unis. Si ces pays ne réforment pas d'urgence leurs systèmes de justice pénale beaucoup plus de personnes risquent de subir le même sort.

«Les normes internationales sur le handicap mental et intellectuel sont des garanties importantes pour les personnes vulnérables. Elles ne doivent pas permettre d’excuser des crimes horribles, mais fixent des critères sur la nature de la sanction qui peut être imposée», a déclaré Audrey Gaughran, directrice pour les enjeux mondiaux à Amnesty International.

«Nous nous opposons à la peine de mort en toutes circonstances - il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Mais dans les pays qui ne l’ont pas abolie, les normes internationales, y compris celles qui interdisent l'utilisation de la peine capitale sur certains groupes vulnérables, doivent être respectées et mises en œuvre, dans l'attente d'une abolition totale.»

Cette année, à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Amnesty International et la Coalition mondiale contre la peine de mort mettent l'accent sur la peine capitale appliquée à des personnes handicapées mentales. «Les normes internationales exigent clairement que les personnes souffrant de handicap ne soient pas condamnées à la peine de mort. Mais dans de nombreux cas les handicaps ne sont pas identifiés lors des procédures pénales», a déclaré Audrey Gaughran.

«Nous demandons instamment aux gouvernements de tous les pays qui recourent encore à la peine de mort d’instituer immédiatement un moratoire sur les exécutions, première étape vers l'abolition. Ce que nous soulignons aujourd'hui est un autre exemple de l'injustice de cette peine ».

 


 

Exemples de cas
  • Aux Etats-Unis, Abdullah Askari Muhammad a été exécuté en Floride le 7 janvier 2014 pour un assassinat de prisonnier commis en 1980. Il a une longue histoire de maladie mentale grave, avec des diagnostics de schizophrénie paranoïde. Le 9 avril 2014, le ressortissant mexicain Ramiro Hernandez Llanas a été exécuté au Texas, malgré les preuves de sa maladie mentale établies par six tests de QI différents au cours de la dernière décennie. En Floride, Amnesty International révèle les cas de deux condamnés à mort - Frank Murs et Michael Zack - qui souffrent de troubles mentaux graves et ont épuisé leur processus d'appel.
  • Au Japon, plusieurs détenus atteints de maladie mentale ont déjà été exécutés; d'autres demeurent dans le couloir de la mort. Hakamada Iwao, maintenant âgé de 78 ans, a été condamné à mort pour assassinat à la suite d'un procès inéquitable en 1968. Il est le prisonnier qui est resté le plus longtemps dans le couloir de la mort au monde. Il a développé de graves problèmes mentaux au cours de ces décennies d'isolement. Il a finalement été libéré au début de cette année après plus de 45 ans en détention et de nombreux recours. Le Ministère public a toutefois recouru contre cette décision et un nouveau procès doit avoir lieu, qui pourrait signifier son retour dans le couloir de la mort. Matusmoto Kenji a été condamné à mort pour assassinat en 1993, et peut être exécuté à tout moment. Il souffre d’un handicap mental à la suite d’un empoisonnement au mercure. Il est paranoïaque et incohérent en raison d'une maladie mentale qu’il a développée au cours de sa détention dans le couloir de la mort. Ses avocats cherchent à obtenir un nouveau procès.
  • Au Pakistan, Mohammad Asghar, à qui on avait diagnostiqué une schizophrénie paranoïde au Royaume-Uni en 2010 et qui a ensuite été transféré au Pakistan, a été reconnu coupable de blasphème en 2014 et condamné à mort.

Communiqué de presse publié le 10 octobre 2014, Londres–Genève.
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