© sadikgulec
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Peine de mort Pourquoi maltraiter les condamnés à mort?

10 octobre 2018
Partout dans le monde, des condamnés à la peine capitale sont soumis aux conditions de détention les plus cruelles qui soient dans les couloirs de la mort. Comme si le fait d’être condamné à mort ne suffisait pas, ces personnes sont, dans de nombreux plusieurs pays, détenues dans des conditions qui ne respectent pas la dignité auxquelles elles auraient pourtant droit, quel que soit le crime dont elles se sont rendues coupables

Bien souvent détenues à un isolement strict, les condamnés n'ont parfois pas suffisamment accès aux soin médicaux, sont victimes de mauvais traitements et vivent dans l’angoisse constante –parfois pendant de longues années – de leur exécution.

A l’occasion du 10 octobre, journée mondiale contre la peine de mort il est important de mettre en lumière cet aspect cruel et souvent méconnu de l’application de la peine capitale, un châtiment en soi déjà cruel. Quelques exemples:

En Malaisie, Hoo Yew Wah a été arrêté en possession de stupéfiants et automatiquement condamné à la peine de mort en mai 2011 en Malaisie, à l’issue d’une procédure judiciaire inique. Il a été déclaré coupable sur la base d’un interrogatoire mené en mandarin – une langue qu’il maitrise mal – au moment de son arrestation, sans la présence d’un avocat et dont il a toujours contesté le contenu. De plus, le jour de son arrestation, la police lui a cassé les doigts et a menacé de rouer sa compagne de coups pour qu’il signe sa déposition. Il a déposé un recours en grâce en 2014 et attend depuis 4 ans le bon vouloir des autorités. 

 

200963_Kenji-Matsumoto.jpg Au Japon: Matsumoto Kenji est enfermé dans le quartier des condamnés à mort depuis 1993. Il souffre depuis longtemps d’un handicap mental dû à un empoisonnement au mercure et son faible QI est situé entre 60 et 70. Ceci combiné à la durée de son emprisonnement a probablement déclenché les troubles paranoïaques et incohérents dont il souffre aujourd’hui. Les autorités judiciaires ont malgré tout estimé qu’il avait les facultés mentales nécessaires pour être condamné à mort.

 

228152_Mohammad-Reza-Haddadi_490x660.jpgEn Iran; Mohammad Reza Haddadi, a passé toute sa vie de jeune adulte dans le couloir de la mort, après avoir été déclaré coupable d’homicide et condamné à la peine capitale, en 2004, à l’âge de 15 ans. Non seulement sa condamnation constitue une violation du droit international, qui interdit de condamner à mort les personnes mineures au moment du crime dont elles sont accusées, mais en plus, Mohammad Reza a été soumis à la torture psychologique. A six reprises déjà son exécution a été programmée puis repoussée la dernière fois, en mai 2016, alors qu’il était déjà dans les locaux d’exécution.

 

En Biélorussie, tout ce qui touche à la peine de mort est entouré du plus grand secret. Les exécutions sont menées sans que les condamnés à mort, leurs proches ou leurs avocats ne soient prévenus à l’avance. On annonce au prisonnier que sa demande de grâce a été rejetée, puis il est menotté, on lui met un bandeau sur les yeux, et il est contraint à s’agenouiller avant de recevoir une balle dans la nuque. Enfin, selon une pratique héritée de l’époque soviétique, les autorités biélorusses refusent de remettre les dépouilles des condamnés à leurs proches, ou de dévoiler le lieu où elles sont enterrées.

Au Ghana, les détenus sous le coup d’une condamnation à mort sont totalement isolés et ne sont autorisés à participer à aucune activité. Les soins médicaux sont la plupart du temps limités et les médicaments nécessaires sont trop cher pour les faibles moyens des détenus.

Respect de la dignité

Quelle que soit la raison pour laquelle une personne est condamnée, les gouvernements des pays qui appliquent encore la peine capitale doivent veiller à ce qu’elles soient traitées avec humanité et dignité et à ce qu’elles soient détenues dans des conditions conformes aux normes internationales.

Il est temps que les États qui appliquent toujours la peine de mort l'abolissent et mettent fin aux conditions de détention sordides auxquelles trop de personnes condamnées à mort sont soumises. La peine capitale viole le droit à la vie inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Il n’est nul besoin d’en rajouter encore en traitant les condamnés de manière inhumaine et cruelle, en leur refusant le minimum auquel ils ont droit: la dignité humaine.