Etats-Unis Guantánamo doit être fermé

4 octobre 2010
Cela fait désormais plus de 600 jours que le président Barack Obama a demandé à son gouvernement de résoudre au cas par cas la situation des prisonniers incarcérés à Guantánamo et de fermer le centre de détention «dès que possible» et au plus tard dans un délai de 365 jours. Ce délai est dépassé depuis longtemps et plus de 180 détenus sont toujours incarcérés à Guantánamo.

Le président Obama a déclaré en recevant le prix Nobel de la paix 2009 que l'Amérique – pas plus qu'aucune autre nation – ne pouvait insister pour que les autres suivent les règles si elle-même ne s'y pliait pas. Barack Obama a également noté que les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme avaient reconnu que si les droits humains n'étaient pas respectés, la paix était une promesse vide de sens. En effet, le respect des droits humains, loin de l'entraver, est garant de la sécurité.

Dès son entrée en fonction, le futur lauréat du prix Nobel de la paix s’était engagé à fermer Guantánamo. Malgré cette promesse, le camp de détention est aujourd’hui encore une réalité. Il est grand temps que cette page se tourne et que Guantánamo soit fermé. Non seulement parce que des violations des droits humains flagrantes ont lieu dans ce centre, mais aussi parce qu’il symbolise le mépris des États-Unis pour le droit international dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme». Guantánamo est la partie visible, mais bien peu transparente, d’un iceberg aux sombres facettes: détentions illimitées et au secret, «restitutions», recours à la torture et aux traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Le règne du secret

Pendant longtemps, le Pentagone a tenu secrètes les identités des personnes incarcérées à Guantánamo. Il n’a fourni une liste de noms que plus de quatre ans après le début des détentions et n’a toujours donné que des nombres approximatifs concernant les détenus.

Le gouvernement américain a fait en sorte que les détenus puissent être transférés depuis ou à Guantánamo, ou encore entre les différents services américains, sans que le public ait connaissance de ces transferts. On sait que la CIA possède son propre centre dans ce camp. L'agence y aurait gardé des détenus «de grande valeur», et participé aux interrogatoires des personnes placées sous contrôle militaire. Les activités de la CIA dans ce camp restent toutefois entourées du plus grand secret.

Par le biais du programme de «restitution», des personnes ont été envoyées vers d’autres prisons contrôlées par les États-Unis dans le monde entier, y compris vers les centres de détention clandestins gérés par la CIA, les fameux «sites noirs». On a signalé l’existence de tels centres en Afghanistan, à Diego Garcia (un territoire britannique situé dans l’océan Indien), en Jordanie, au Pakistan, en Thaïlande et dans des pays d’Europe de l’Est.

Un vide juridique

Nombre de ceux qui sont détenus à Guantánamo ont été maltraités, que ce soit en Afghanistan ou ailleurs avant leur transfert à Guantánamo, durant leur transfert ou encore lors des interrogatoires sur la base de Guantánamo elle-même.

Selon de nombreuses sources, les méthodes de torture employées comportaient des techniques manifestement contraires au droit international, notamment le «waterboarding» (simulacre de noyade), la station debout, avec chaînes, pendant plus de quarante heures, et la «cellule froide» (le détenu reste debout, nu, dans une cellule froide, et subit des aspersions d’eau froide répétées).

Guantánamo doit être fermé pour mettre fin aux nombreuses violations des droits humains qui ont lieu dans ce centre. Amnesty International demande ainsi une nouvelle fois que les détenus soient immédiatement jugés dans le cadre de procès équitables – devant des tribunaux civils et non des commissions militaires – ou libérés. Si les détenus libérables ne peuvent pas rentrer dans leur pays d'origine, parce qu'ils risquent d'y subir des atteintes aux droits humains, et si aucun État ne propose de les accueillir immédiatement, ils doivent être remis en liberté aux États-Unis, au moins jusqu'à la mise en œuvre d'une solution durable.

Soutien des États européens

Des organisations de défense des droits humains de renom ont demandé que davantage d'États européens accueillent sur leur sol des détenus de Guantánamo ne pouvant être renvoyés dans leur pays d'origine car ils risquent d'y être soumis à la torture et à d'autres violations des droits humains. «Bien que plusieurs pays aient déjà montré l'exemple, il est décevant de constater que seuls quelques gouvernements européens ont pris la décision d'aider ceux qui ont besoin de protection, a déploré Sharon Critoph, chargée d'action sur les États-Unis à Amnesty International. Parmi les gouvernements les moins actifs sur ce terrain figurent ceux qui ont réclamé avec le plus de vigueur la fermeture de Guantánamo.»

La seule raison pour laquelle ces hommes sont maintenus en détention tient au manque de lieux sûrs pour les accueillir. Ils ont tout simplement été abandonnés à Guantánamo. Ils sont originaires de pays tels que la Chine, la Libye, la Russie, la Syrie et la Tunisie, où ils risqueraient fortement d'être soumis à la torture ou à d'autres violations de leurs droits fondamentaux s'ils y étaient renvoyés. Leur difficile situation représente l'un des principaux obstacles à la fermeture du centre de détention.